On peut gagner de l’argent avec les banques, si, si, c’est possible, et même beaucoup. C’est ce qui est arrivé à Warren Buffett, l’homme d’affaire américain, "l’oracle d’Ohama" comme on le surnomme, en référence à la ville qui héberge son fonds d’investissement (Berkshire Hathaway) et à la formidable réussite qu’il connaît et qui l’a rendu multimilliardaire. En 2011, il a acquis pour 5 milliards de dollars de droits de souscription d'actions de Bank of America, alors sanctionnée pour avoir commercialisé des produits financiers toxiques avant la crise de 2008. Les pénalités financières (16,65 milliards de dollars au total) étant désormais absorbées, la banque s’est redressé et si Warren Buffett convertissait ses droits de souscription en actions, il réaliserait une plus-value d'environ 12 milliards de dollars. Une jolie culbute !
Tout le monde n’est pas perdant lors d’une crise financière et bancaire, même si la probabilité reste mince de s’en tirer à bon compte. Une nouvelle opportunité s’ouvre d’ailleurs, qui aurait été inconcevable en temps normal, et nul besoin d’être milliardaire pour en profiter : le Crédit Agricole d’Ile-de-France lance son prêt immobilier à taux zéro ! Il est réservé aux primo-accédants et il peut financer jusqu'à 10% du montant total emprunté, dans la limite de 30.000 euros. Les délices des taux zéro enfin accessibles à tous, n’est-ce pas formidable ?
Mais attendez, le Crédit Agricole ne gagne pas d’argent avec ce prêt, il en perd même puisque les taux à long terme demeurent tout de même un peu positifs. Et si les taux remontent ne serait-ce que modérément, ces prêts qui ne rapportent rien deviendraient une lourde charge dans le bilan de la banque. N’y a-t-il pas là un peu d’inconscience ? Une guerre commerciale pour attirer de nouveaux clients autorise-t-elle la mise en danger de l’entreprise ? Mais justement, le Crédit Agricole n’est pas une entreprise comme les autres, c’est une banque "too big to fail" (trop grosse pour faire faillite), en cas de catastrophe financière elle est certaine de toujours obtenir le secours de l’Etat, alors pourquoi s’embarrasser d’inutiles précautions ?
En Espagne et en Italie les banques ont un peu trop joué avec le risque, notamment immobilier, et elles ne finissent pas de le payer. Plusieurs d’entre elles sont techniquement en faillite et elles ne survivent qu’avec des plans de sauvetage rafistolés à la va-vite. La banque espagnole Banco Popular a été rachetée pour un euro symbolique par la Santander, la première banque du pays, qui doit désormais lever 7 milliards d’euros pour ne pas sombrer à son tour… La banque italienne Monte Dei Paschi va bénéficier de 5,4 milliards d’euros apportés par l’Etat, qui va devoir également débourser 17 milliards d’euros pour sauver deux banques régionales, Banca Popolare di Pienza et Veneto Banca. Et de nombreux autres établissements bancaires sont mal en point…
Dans ces sauvetages les déposants ne perdent rien, pour l’instant, mais ceux qui avaient souscrit des obligations bancaires dans leurs plans d’épargne, la plupart du temps sans le savoir, enregistrent une perte sèche. À l’avenir, ce sera peut être plus douloureux, en vertu de la directive européenne BRRD de ponction des comptes bancaires. Et en tant que contribuable, il faudra bien payer un jour ces plans de renflouement. Non vraiment, à moins d’avoir le flair et les moyens de Warren Buffett, il y a peu de chance de gagner de l’argent en s’appuyant sur les banques. Mieux vaut même s’en éloigner et migrer vers les actifs réels, au premier rang desquels l’or physique bien sûr, car décidemment les banques peinent à faire face à leurs responsabilités.
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