Détenir un compte bancaire en Suisse ne constitue plus une sécurité absolue, plusieurs clients du groupe portugais Banco Espirito Santo sont en train d’en faire l’amère expérience. En 2010 et 2011, des clients importants domiciliés au Portugal ont été incités par leurs conseillers bancaires à placer leurs économies dans la filiale suisse, dédiée à la gestion privée. Cela ne faisait pas de différence, leur expliquait-on, tout en leur faisant miroiter le prestige de la place helvétique. Mais on le sait, en juillet dernier la deuxième banque du Portugal s’est déclarée en faillite. Elle a été recapitalisée à hauteur de 4 milliards d’euros par l’Etat, mais tous les clients ne retrouveront pas forcément leurs économies. Manque de chance pour les clients de la filiale suisse, ils subiront les plus fortes pertes, la plupart perdant la quasi-totalité de leurs dépôts. Banco Espirito Santo s’est en effet servi de cet argent pour l’investir dans des produits spéculatifs.

Cela doit servir de leçon, la domiciliation en Suisse, ou dans un autre pays réputé pour son sérieux économique et financier, ne constitue pas une sécurité en soi. Ce qui importe c’est l’intermédiaire financier et le type de produits dans lesquels on place ses économies. Une banque en situation critique ne se transforme pas en un établissement solide en franchissant la frontière suisse. Un actif pourri ne devient pas un bon placement si on l’achète à Zurich.

Pourtant les banques jouent parfois cette carte comme un argument marketing auprès de leurs clients fortunés. D’ailleurs, toujours au Portugal, la Deutsche Bank s’est transformée en août 2011 en simple branche de la société-mère allemande, abandonnant son statut de filiale de plein droit portugais, et donc soumise aux autorités locales. L’argument des conseillers locaux de la banque allemande est simple : votre argent est déposé sur nos comptes en Allemagne, de cette façon si le système bancaire local fait faillite vous êtes protégés, et si l’euro explose vous vous retrouverez avec des deutsche marks plutôt qu’avec des escudos. Certes, tout cela est vrai, mais si la Deutsche Bank fait faillite, ces clients perdront tout.

Et ces clients ignorent évidemment que la première banque allemande a un levier de l’ordre de 1 sur 30 (30 euros d’engagements pour 1 euro de cash) et que, pire encore, si l’on considère le hors bilan, qu’elle est la banque plus exposée aux produits dérivés dans le monde. Voici des risques considérables qui peuvent envoyer cette banque au tapis, et sa domiciliation en Allemagne ne va pas, comme par magie, la transformer en établissement sûr.

L’argument du compte en Suisse, pour les banques, ça ressemble un peu trop au jeu de bonneteau. La sécurité, pour vraiment la trouver, elle consiste à choisir des banques avec des bilans solides, mais il s’agit d’une denrée rare (pas les grandes de toute façon), ou plus sûrement à se débancariser, c'est-à-dire migrer vers des actifs réels, au premier rang desquels l’or physique bien sûr, ou également l’immobilier, les terres agricoles, les œuvres d’art, à condition de connaître ces marchés complexes. Mais une banque en difficulté, même en Suisse, ça ne vaut pas grand-chose !

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