Nous avons déjà expliqué que le risque bancaire en Europe demeure élevé (lire cet article). Un autre élément est à prendre en compte, et qui montre la profondeur de la crise : le marché interbancaire ne fonctionne toujours pas, les banques européennes sont toujours sous perfusion de la BCE !
Pour faire face au blocage du marché interbancaire et au risque de faillite de banques, la BCE avait réalisé deux prêts géants, en décembre 2011 et en février 2012, d’un montant total de 1000 milliards d’euros sur trois ans à 1% l’an (les LTRO, Long Term Refinancing Operation). Un vrai cadeau dont avaient profité plus de 500 banques européennes.
Cette planche à billets géante avait apporté une réelle détente sur les taux des dettes souveraines italienne et espagnole. La plupart des dirigeants politiques et des éditorialistes en avaient conclu que la crise était terminée… Non, elle était suspendue.
Le secteur bancaire et les autorités européennes expliquent que la crise est passée, d’ailleurs certaines banques ont commencé à rembourser par anticipation ces LTRO, expliquent-ils. Mais il faut remettre les choses en perspective, pour l’instant seuls 212 milliards d’euros ont été remboursé, soit un cinquième de la somme totale, et le rythme se ralentit, ce qui ne manque pas d’inquiéter. Les analystes de Citi jugent ce ralentissement décevant et considèrent que cela pourrait jeter le doute sur les perspectives des systèmes bancaires en Europe.
Même si la BCE n’a pas communiqué quelles banques avaient emprunté et combien, on sait que les pays du sud (Espagne, Italie, Portugal, Grèce) avaient largement profité de cette manne. Mais leur situation ne cesse de se dégrader ! La proportion des prêts en défaut grimpe dangereusement, et cela les banques peuvent le masquer un temps mais pas éternellement. On peut être certain que les banques de ces pays ne rembourseront pas ces LTRO avant terme, et d’ailleurs le pourront-elles à l’échéance ? Ce n’est même pas sûr et la BCE sera certainement obligée de faire à nouveau du quantitative easing.
Elément d’incertitude supplémentaire : la situation semble bloquée en Italie suite aux dernières élections où aucune majorité claire ne s’impose. Et rappelons que plus de la moitié des voix s’est portée sur des candidats qui veulent sortir de l’euro (Silvio Berlusconi et Beppe Grillo) !
Si seules les banques en bonne santé remboursent les LTRO par anticipation (un cinquième de la somme totale on le rappelle), il faut s’inquiéter. Quoi qu’il en soit, le système bancaire européen reste entièrement dépendant de la BCE pour fonctionner au jour le jour, et ce n’est pas une bonne nouvelle.
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