Les riches deviennent de plus en plus riches. Selon le dernier classement Bloomberg, la fortune des 300 personnes les plus riches du monde a progressé de 524 milliards de dollars en 2013 pour atteindre le chiffre de 3,700 milliards de dollars, tandis que le numéro un, Bill Gates, a vu sa fortune personnelle augmenter de 15,8 milliards pour s'établir à 78,6 milliards de dollars... Champagne !
Enfin, ce ne sera pas champagne pour tout le monde, les classes moyennes ne peuvent pas en dire autant, et aux Etats-Unis, le nombre de bénéficiaires de bons alimentaires approche les 50 millions, soit un quasi doublement par rapport à avant la crise de 2008. Pourquoi une telle distorsion ? Le réflexe pavlovien de "faire payer les riches" ne mène à rien (redistribuer l'intégralité de ces 524 milliards aux classes moyennes mondiales représenterait une goutte d'eau pour chaque famille !), et surtout il masque le vrai problème.
Les plus riches se sont enrichis essentiellement parce que leur fortune est sous forme d'actions et que les marchés boursiers ont bien progressé en 2013. Voici la raison essentielle de cet enrichissement. Mais cette hausse des actions doit peu aux performances réelles des entreprises (sinon les classes moyennes en auraient aussi profité) et doit par contre beaucoup aux plans de Quantitative easing de la Fed, ainsi que de la BoJ et de la BCE. Une grande partie de cet argent "gratuit" (à taux zéro) se retrouve sur les marchés actions... qui montent, comme c'est étonnant. Enfin, plus précisément, l'argent est à taux zéro pour les banques qui se refinancent auprès de leur banque centrale, par pour la famille et l'entreprise qui veulent emprunter, et qui eux payent bien sûr plein tarif à leur banque.
C'est ce qui s'appelle l'effet Cantillon, du nom de cet économiste irlandais du XVIIIe siècle qui découvrit le premier le phénomène. C'est devenu un concept clé de l'Ecole autrichienne et Ron Paul a souvent dénoncé cet effet pervers des QE qui créent un "effet richesse" artificiel pour les plus riches, sans que les revenus des classes moyennes ne s'améliorent. Une remarque : cette analyse présente un grand intérêt, en effet nul besoin d’être marxiste, ou étatiste, ou fan de "Occupy Wall Street" pour déplorer une déformation injustifiée de l’échelle des patrimoines et des revenus, une analyse libérale (autrichienne) est tout à fait apte à expliquer ce phénomène, et à y apporter une réponse (une saine gestion de la monnaie) qui règle le problème à la racine et qui ne soit pas interventionniste.
Cette richesse, donc, s'avère largement artificielle, car c'est le produit d'une bulle, en l'occurrence une bulle sur le marché actions. Une richesse virtuelle qui risque fort de s'évanouir en cas de retournement... La morale de cette histoire : la richesse ne peut pas se réduire à un seul chiffre, qui plus est libellé dans une monnaie "imprimée" plus que de raison, tout cela est bien trop volatile, il faut aussi se poser la question de savoir en quoi est constitué son patrimoine. Un conseil : l'or, lui, ne s'imprime pas, pas d'effet Cantillon possible !
J’en profite pour vous souhaiter à tous une bonne année 2014 !
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