Le seuil des $1180 a été enfoncé comme un couteau dans du beurre au mois d'octobre, grâce à la force spectaculaire et inattendue du dollar. Pourtant, à la différence de la cassure du support majeur des $1525 en avril 2013, la cassure de ce support n'a pas donné lieu à des cascades de ventes qui s'auto alimentent. Au contraire, on est rapidement revenu au-dessus, ce qui est un bon signe. On sent qu'on commence à toucher quelque chose de plus dur. L'or se vend sous ses coûts de production, et cela pose quelques questions de bon sens aux investisseurs...
L'or est en backwardation, le sentiment touche des records historiques de négativité, mais le processus de détruire le prix de l'or sur les marchés papiers continue. Combien d'or les banques centrales doivent-elle récupérer encore ? Que cachent ces attaques incessantes ? Jusqu'à quand l'or physique va-t-il rester disponible ? Voilà les seules questions valables pour moi, et je n'ai malheureusement aucune réponse.
Je reste sidéré de voir les attaques se poursuivre avec un record de commerciaux (l'argent intelligent) positionnés pour jouer la hausse, et avec un GOFO pareillement négatif (backwardation), indiquant une pénurie de métal à ces prix. Pour l'argent, la situation est encore plus prononcée !
Le GOFO est passé largement négatif et indique une pénurie d'or physique, ou du moins le sentiment d'une pénurie d'or physique à venir. Après chaque backwardation de ce type, le marché s'est embarqué dans un important rally ou renversement de tendance.
En ce moment, pratiquement tous les marchés sont partis à la dérive. Par dérive j'entends l'écartement de leur valeur intrinsèque, reflétant la réalité du monde économique. Le contrôle des marchés par l'élite financière US n'a jamais été aussi radical. Regardez le pétrole. Les Américains ont réussi à convaincre les Saoudiens de ne pas réduire leur production malgré un quasi krach de $107 à $73 depuis le mois de juillet. C'est davantage que le reflet de la hausse du dollar.
Veulent-ils mettre à genoux les Russes, dont l'économie est fortement dépendante du prix du pétrole ? Après avoir convaincu le gouvernement indien de brider la fièvre acheteuse d'or de son pays en 2013, juste avant les attaques historiques sur les marchés de l'or papier, les Américains convainquent les Arabes de noyer le monde de pétrole. Le monde est en guerre économique et monétaire et des alliances sont créées. Certains ont l'impression de se ranger du côté du plus fort, mais ils regretteront leur choix lorsque le dollar entrera dans sa phase d'effondrement final.
L'indice Dow Jones suit un rebond construit millimètre par millimètre par une main invisible depuis le creux d'octobre. Cela entretient un effet de richesse considérable au sein de la classe moyenne américaine, et une confiance aveugle dans une économie poussive, qui a adopté la méthode Coué et qui encense les planches à billets de la Fed. Le dollar montre une force spectaculaire depuis que la Fed a cessé d'acheter des Bons du Trésor et depuis que Russes et Chinois se sont lancés dans la "dé-dolarisation" du monde ! Miracle ! Bien entendu que le dollar n'a aucune force intrinsèque. Ce sont les autres devises qui chutent, suite à de nouveaux programmes de planches à billets un peu partout dans le monde.
Même la Suisse a explosé le bilan de sa banque centrale depuis 2007, passant de 25% à plus de 80% du PIB du pays ! Noyée d'euros, la BNS regrettera également son choix plus tard. Mais les banques centrales sont-elles encore souveraines dans le monde actuel ? Les Suisses regretteront d'avoir voté NON à l'initiative sur l'or ce prochain dimanche. Car vu la campagne médiatique très agressive de tous les journaux et partis politiques contre l'initiative, les chances du OUI sont extrêmement minces. Les Américains vont probablement lancer de nouveaux raids sur le marché de l'or, juste après l'initiative pour profiter de la déception, mais le creux de novembre devrait tenir, au vu de la backwardation actuelle.
La Fed, avec ses $4'000'000'000'000'000 nouveaux dollars imprimés depuis la crise de 2008, passe pour un enfant de choeur, car son bilan ne représente "que" 25% du PIB. Alternativement, les banques centrales du monde entier font marcher les planches à billets pour payer leurs dettes par l'inflation sournoise, sous-reportée, quasi invisible dans les chiffres officiels, et pour relancer la mécanique inflationniste, sans laquelle le système bancaire dans son ensemble s'effondrerait.
Alors que la masse monétaire n'a jamais cessé d'augmenter depuis 2011, l'or affiche une forte baisse en termes de dollars, subissant des attaques évidentes, ponctuelles, programmées, pour infliger le maximum de dégâts techniques et conduire à des ventes automatiques chez les spéculateurs, mains faibles et suiveurs de tendance. Le contrôle des marchés est total, la Fed ne veut plus de 2008 bis. Le système bancaire ne le supporterait pas, le chaos serait complet. Les médias reprennent en chœur les mantras des banquiers et la bulle grandit, grandit, grandit.
Dans un environnement pareil, bien plus dangereux que celui de la bulle TMT de la fin des années 90, et de la bulle immobilière US en 2007, la complaisance est comme toujours maximale. Les investisseurs prudents et positionnés contre le marché continuent de passer pour des idiots, mais le jour où les marchés pousseront leur dernier soupir, l'effondrement risque d'être extrêmement brutal et totalement incontrôlable pour les banques centrales du monde entier. Il y a fort à parier que les planches à billets passeront en mode supersonique, et que les manipulations pour garder le prix de l'or aussi bas que possible seront insoutenables, devant la panique acheteuse qui s'emparera du marché. Mais pour l'heure, l'élastique 2013-2014, tendu à la limite de la rupture, risque à tout moment de péter à la figure de ceux qui ont augmenté massivement leurs positions vendeuses sur les marchés de l'or papier !
On peut se rappeler l'importance et la respectabilité de l'or en tant que monnaie, lorsque des villes comme New-York sortaient littéralement de terre, et lorsque la Belle Epoque connaissait un essor considérable en Europe, jusqu'au début de la première guerre mondiale. Le système bancaire était infiniment plus simple et honnête, et l'épargne conservait simplement son pouvoir d'achat en termes d'or. On peut se demander ce qui a pu arriver à notre monde actuel, qui voue une haine farouche envers l'or, et un amour inconditionnel aux papiers sans valeur issus de Wall Street, de la Fed et des banques centrales du monde entier !
Mais le déclin actuel des valeurs, au sens le plus large du terme, arrive sans doute à un extrême, qui aboutira plus tard à une prise de conscience globale des déséquilibres, et à une correction inévitable, comme l'histoire nous l'a enseigné jusqu'ici. Une nouvelle ère de prospérité ne pourra pas débuter sans la réforme totale du présent système monétaire et sans le redimensionnement radical du secteur financier par rapport aux richesses produites. L'or aidera à restaurer le monde et à éteindre la dette, tout comme il l'a aidé à sortir de la barbarie du Moyen-Âge, avec la frappe des monnaies d'or sous la Renaissance italienne.
La haine actuelle envers l'or, attisée par les grands médias, atteint aujourd'hui des records, mais les extrêmes ne durent pas et les cycles achèvent toujours leur révolution.
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