La catastrophe des produits dérivés à hauteur de 42 000 milliards €, connue sous le nom de Deutsche Bank, demeure sous forte pression. Sa capitalisation boursière est de 17 milliards $. Elle ne génère pas de revenus et ne paie pas de dividendes.

 

DB gross deritative exposure

 

Le 23 avril, Deutsche Bank a été condamnée à une amende de 2,5 milliards $ pour avoir manipulé les taux LIBOR. 21 personnes font face à des accusations criminelles, suite à une enquête de sept ans.

Le 16 septembre, le Département américain de la justice a réclamé 14 milliards $ à Deutsche Bank afin de mettre un terme à une enquête sur la vente de titres adossés à des créances hypothécaires, une fraude qui a mené à la crise financière de 2007-2009.

Aujourd’hui, la chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré que Deutsche Bank ne recevra pas d’aide d’Etat (pas de bail-out).

Sans commentaires

La chancelière Angela Merkel a exclu toute aide de l’État envers Deutsche Bank pendant l’année menant à l’élection présidentielle de septembre 2017, selon le magazine Focus, qui cite des sources gouvernementales.

Angela Merkel a aussi refusé de commenter l’imbroglio de Deutsche Bank avec le Département américain de la justice. Un porte-parole du gouvernement allemand a refusé de commenter le rapport, samedi. Un porte-parole de Deutsche Bank a aussi refusé de le commenter.

Pour comprendre l’amende

The Guardian : Tout savoir sur l’amende de 14 milliards $ de Deutsche Bank

La perspective d’une amende de 14 milliards $ du Département américain de la justice a ébranlé la confiance des investisseurs en la Deutsche Bank. L’amende vise à régler des accusations, qui datent de 2005, selon lesquelles la banque vendait des crédits immobiliers convertis en produits financiers complexes baptisées RMBS (titres adossés à des prêts hypothécaires résidentiels) à des investisseurs, tout en sachant qu'ils étaient toxiques. Des pratiques qui avaient contribué à alimenter la bulle spéculative au milieu des années 2000 avant que celle-ci n’éclate à partir de 2007. Deutsche Bank a été l’acteur étranger le plus actif sur le marché des subprimes.

Deutsche Bank peut-elle se permettre de payer une telle amende ?

Il s’agirait d’une des plus grosses amendes infligées par les États-Unis, et elle pourrait ainsi nuire gravement aux finances de la banque. Pour l’année 2015, la banque a publié ses premières pertes annuelles depuis 2008, et elle pourrait subir d’autres pertes cette année, même sans tenir compte de l’éventuelle amende des américains. Selon Tomas Kinmonth, analyste à la banque hollandaise ABN Amro, un règlement de cet ordre pourrait compromettre la capacité de Deutsche Bank à payer les coupons – ou les intérêts sur certaines de ses émissions obligataires dites AT1. Ces obligations hybrides ont comme fonction d'absorber les pertes de banque lors d’une crise.

Par contre, la banque a clairement signifié qu’elle n’avait pas l’intention d’accepter une amende de cette envergure, et elle a insisté sur le fait qu’elle détenait des ressources suffisantes pour continuer à payer les coupons de sa dette jusqu’en 2017, au moins. Cependant, un analyste a confié à Reuters que toute amende au-delà de 5 milliards $ forcerait la banque à lever de nouveaux fonds sur les marchés financiers.

Est-ce la fin des démêlés de Deutsche Bank avec les autorités de réglementation ?

Le montant global des provisions pour frais juridiques de Deutsche Bank s'élevait à 5,5 milliards à la fin du deuxième trimestre, mais la banque n’indique pas vraiment à quoi devrait servir cette somme. Elle fait face à plus de 7 000 poursuites, même si l'attention est focalisée sur celle pour les RMBS et une en relation avec ses activités en Russie, où la banque est accusée de "transactions miroir". Dans ce type d'opération, des clients russes utilisaient Deutsche Bank pour acquérir des titres en roubles dans le but de les revendre très rapidement dans une devise étrangère. Les autorités de réglementation enquêtent pour savoir si ces transactions auraient contourné les sanctions internationales à l'encontre de la Russie.

D’autres banques européennes pourraient-elles être affectées ?

Deutsche Bank est la première banque européenne à avoir entamé les négociations avec le Département américain de la justice au sujet des RMBS. Barclays et la banque suisse UBS font partie des banques qui attendent la conclusion des pourparlers de règlement.

Un bail-in des déposants à venir ?

Dans un article du 21 septembre de Veritaseum, Reggie Middleton a analysé les efforts probables de recapitalisation de Deutsche Bank, tout en posant la question : Un bail-out (renflouement externe par l'État et les contribuables allemands) ou un bail-in (renflouement interne par les déposants de la banque) ?

Deutsche Bank va avoir besoin d’argent, et très bientôt. Dans un effort concerté pour réduire ou, potentiellement, éliminer le risque de bail-out des banques européennes par les contribuables, l’Union européenne a implanté un nouveau régime de bail-in, à partir du 1er janvier 2016. Les règles de ce régime exigeront que les banques et autres participants importants du marché des pays membres de l’UE déprécient, annulent, convertissent en équité, ou modifient autrement certaines obligations non garanties, si de telles actions s’avéraient nécessaires pour recapitaliser l’institution. Quelles obligations non garanties se trouvent en abondance chez une banque ?

Middleton note que Deutsche Bank a une exposition aux produits dérivés à hauteur de 2 500 milliards $ qui doit être refinancée.

 

Deutsche Bank Roll over

 

S’agit-il d’un non-problème, ou Middleton a-t-il raison de prétendre que « même sans pertes de marchés » (et il y plusieurs raisons de croire qu’il y en aura), Deutsche Bank aura énormément de mal à supporter d’autres frais de crédit, à cause de sa notation de crédit plus faible (en utilisant les agences de notation et les modèles internes de notation de la banque).

Selon Middleton…

Il y aura des pertes et des conflits lors de la résolution de quelques-unes de ces dettes. Comment le savons-nous ? Nous pensons avoir identifié la contrepartie de Deutsche Bank, et elle a enregistré un profit pour les produits dérivés que Deutsche Bank a comptabilisé comme perte. Bien sûr, cette perte a été enregistrée avant que Deutsche Bank ne change sa méthode d’évaluation, qui en fait maintenant un profit ! Chapeau au Mish’s Blog.

 

 

Deutsche Bank Key Features

 

J'ai publié ce tableau le 20 septembre.

Middleton commenta…

Près de 50% du profil de risque de Deutsche Bank est dominé par leur division Corporate Banking & Securities, surtout à cause des activités de trading qui y sont rattachées.

Au premier trimestre 2015, Deutsche Bank a adopté une nouvelle méthodologie pour déterminer le « bénéfice de la diversification », ce qui a entraîné une réduction globale du risque de 2,3 milliards € entre 2014 et 2015. Même si le risque total de Deutsche Bank a été réduit significativement avec cette nouvelle méthodologie, elle n’est pas mentionnée dans le rapport annuel de la banque. Sans cela, il ne peut être clairement démontré que Deutsche Bank fait passer ses mauvais prêts dans une autre unité, en les classant de manière différente, afin de rendre leurs NPA (actifs non performants) plus reluisants. Une chose est certaine : cela semble très louche !

Vous savez ce qui semble encore plus louche ? La forte probabilité que Deutsche Bank se serve de cette « nouvelle mesure de calcul de risque » pour déterminer le coût du capital pour leurs actifs de niveau 2 et de niveau 3. Et voilà ! Des profits instantanés pour M. et Mme Investisseur ! Voyez-vous, les contreparties de Deutsche Bank ne voudront pas d’un modèle d’apport dont on fait l’éloge en guise de paiement… non, ils penseront probablement plus à du cash. Ajoutez à cela une chute de plus de 50% du cours de son action, 0,25 X sa valeur comptable par action (BV), et les nombreuses poursuites judiciaires, incluant la demande du Département américain de la justice de 14 milliards $ (avec une capitalisation boursière de 17 milliards $), et vous avez un besoin pressant de recapitalisation.

Le jeu des devinettes

Nous y jouons tous. En voilà deux :

  • Les problèmes de Deutsche Bank vont bien au-delà des amendes.
  • La situation de ses produits dérivés est tellement confuse que la banque elle-même ne sait probablement pas où elle en est exactement.

Plusieurs questions

1/ Quelle est l’exposition de Deutsch Bank à l’effondrement du système bancaire italien ?

2/ Quelle est l’exposition de la Deutsche Bank à d’autres banques européennes en péril ?

3/ Deutsche Bank se prépare-t-elle à une avalanche d’accusations de fraude sur ses produits dérivés sur l’or ?

4/ S'il n'y a pas de bail-in des déposants, comment la Deutsche Bank pourra-t-elle payer les amendes, maintenant qu’Angela Merkel a écarté toute aide de l'État ?

Déposants, méfiez-vous !

 

Deustche Bank

Source originale: Zerohedge

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