Comme prévu, la Réserve fédérale américaine a relevé son taux directeur d'un quart de point (0,25%), le portant dans une fourchette de 1,25% à 1,50%, lors de sa réunion de décembre. Tout en offrant peut-être son évaluation la plus positive de l'économie américaine depuis une décennie, le FOMC a adopté un ton relativement prudent pour l'année prochaine, signalant la probabilité de trois hausses de taux en 2018, et non quatre.
Avec un changement imminent à la tête de la Fed, il est difficile de faire des prédictions. Cette décision est la dernière action de Janet Yellen, qui sera remplacée par Jerome Powell en février, une fois qu'il aura été confirmé (ce qui est garanti d'avance). Jerome Powell, un ancien gouverneur de la Fed qui a déjà eu une influence sur la politique des taux d’intérêt, devrait suivre de très près la ligne tracée par son prédécesseur. Cependant, la plupart des investisseurs (dans un sondage récent d’Evercore ISI) pensent qu’il pourrait relever les taux de façon plus agressive. Quant à Yellen, elle n’entrevoit aucun écart "significatif" par rapport aux politiques de la Fed en place depuis la crise bancaire de 2008.
L’ÉCONOMIE EST EN CROISSANCE, MAIS PAS L’INFLATION
La Fed justifie sa troisième hausse de l'année par des indicateurs montrant que l’économie américaine est en bonne santé. Le chômage est à son plus bas depuis 2000, alors que le produit intérieur brut (PIB) américain devrait progresser de 2,5% en 2018 en glissement annuel, soit 0,4 point de plus que prévu en septembre. Avec la réforme fiscale de l’administration Trump qui devrait injecter encore plus d’argent dans l’économie l’an prochain, il est un peu surprenant que les gouverneurs de la Fed prédisent une croissance de 2,5%. Cette prudence semble venir de l'inflation.
La Fed prédit que l’inflation restera inférieure à sa cible de 2% l’an prochain, et qu’elle ne dépassera pas 2% en 2019 et 2020. En fait, deux officiels du FOMC (Charles Evans, de Chicago, et Neel Kashkari, de Minneapolis) ont voté contre la décision de la Fed de relever les taux d'intérêt, préoccupés par la faiblesse de l'inflation aux États-Unis, qui n'a plus atteint l'objectif de 2% depuis 5 ans. Leur influence sur le nouveau président Powell reste à voir, comme celui de l’homme qui l’a nommé, le président Donald Trump, un adepte de taux bas qui prédit une croissance de 4% du PIB, un taux que Mme Yellen a qualifié de "difficile" à atteindre.
ET MAINTENANT ?
Avec un marché boursier en pleine ébullition, les traders et les analystes expriment une certaine incrédulité envers la prédiction de la Fed de trois (et non quatre) hausses en 2018. Mais comment la Fed voit-elle ces marchés qui établissent de nouveaux records ? Lorsqu’on lui a demandé si une bulle se formait, Janet Yellen a déclaré que la forte valorisation du marché boursier ne constitue pas pour l'instant un "signal d'alarme" pour la stabilité financière : "Ces valorisations sont hautes mais cela ne signifie pas qu'elles soient surévaluées", a indiqué Mme Yellen.
Wall Street, qui anticipe une croissance plus forte avec les baisses d’impôt, semble vouloir une augmentation supplémentaire du taux, d'un point entier, en 2018. La Fed, cependant, semble déterminée à suivre l’inflation et à agir en fonction. À noter que les deux dissidents à cette hausse (Evans et Kashkari) ne seront pas membres avec droit de vote du FOMC l’an prochain.
L’IMPACT SUR L’OR
Cette hausse d’un quart de point étant pleinement anticipée, elle a déjà été prise en compte par les marchés. Fait intéressant, les actions ont plongé après l'annonce officielle alors que le prix de l'or a augmenté. Cela peut s'expliquer par ce qui n'était pas expressément connu : les perspectives pour 2018. La réaffirmation par la Réserve Fédérale de son engagement à adopter une approche accommodante et axée sur l'inflation pourrait atténuer une ruée vers les actifs à risque.
Les réforme fiscale de Trump, qui injecterait de l'argent dans l'économie, devrait se traduire par une augmentation de la dette publique de plusieurs milliards de dollars. Il est toujours aussi facile d'imprimer de la monnaie. Les investisseurs prudents se souviendront que cela ne s’applique pas à l’or, que ce soit en 2017, en 2018, ou jamais.
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