Traduction de l'interview réalisée pour Oroyfinanzas.com
Oroyfinanz
Fabrice Drouin Ristori : Je répondrais deux choses :
- En termes nominaux (mesurés en monnaie papier), les marchés-actions sont effectivement en croissance ces dernières années, mais évaluer un actif dans une monnaie qui se dévalue (le dollar ou l’euro) ne permet pas d’avoir une vision claire de la performance de ce même actif. Pour avoir une idée précise de la performance, je considère qu’il faut éliminer le facteur monétaire et mesurer un actif contre d’autres actifs tangibles, l’or ou le pétrole par exemple. Or, en appliquant cette méthode sur une longue période, on s’aperçoit que les marchés-actions n’offrent pas de performance élevée réelle. Elle est illusoire et due à la dépréciation des monnaies de papier.
- Deuxièmement, les marchés-actions ne sont plus des marchés librement déterminés. On sait désormais que les banques centrales interviennent massivement sur ces marchés, faussant leur valorisation par la création d’une demande venant directement de l’injection de liquidités dans le système. Donc, tant que les banques centrales monétiseront les marchés-actions, nous continuerons à observer une performance en termes nominaux, mais pas en termes réels.
Donc, si les banques centrales continuent à intervenir sur les marchés-actions, ils peuvent continuer à augmenter en termes nominaux.
Oroyfinanz
Fabrice Drouin Ristori : Non, les PER (Price to earnings ratio) atteignent des niveaux de surévaluation du niveau de ceux de la dernière bulle spéculative des années 2000. Comme je l’expliquais plus haut, la valorisation actuelle des marchés-actions n’a strictement rien à voir avec les fondamentaux, mais plutôt avec l’intervention des banques centrales; sinon, comment expliquer notamment que les volumes d’échanges sur les marchés-actions s’effondrent, ces dernières années, alors que les cours augmentent ? Ça ne fait aucun sens, sauf à reconnaître une intervention des banques centrales.
Oroyfinanz
Fabrice Drouin Ristori : Les marchés-actions sont des indicateurs surveillés par la majorité des investisseurs. Un cours en croissance peut donner l’illusion d’une bonne santé économique et permettre de rassurer les masses. C’est ce que les gouvernements et banquiers centraux essaient de nous vendre depuis 2008, alors que les fondamentaux de l’économie réelle ne cessent de se détériorer.
Pour cette raison les banques centrales, certainement sous influence des gouvernements, interviennent sur ces marchés. C’est notamment le rôle du Plunge Protection Team aux USA.
La relation de dépendance est donc directe. Sans injection monétaire, nous n’observerions pas une telle performance des marchés-actions ces dernières années.
Oroyfinanz
Fabrice Drouin Ristori : Non, ce n’est pas tenable, car l’injection monétaire n’a jamais permis de relancer ou développer structurellement une économie. Sinon le Zimbabwe serait la première puissance économique mondiale.
Regardez le Japon, par exemple, qui vient de rentrer en récession alors qu’ils ont annoncé leur 9ème plan d’assouplissement monétaire (QE). L’économie japonaise est noyée dans les liquidités et n’arrive pas à redémarrer. L’impression monétaire ne fonctionne pas.
Je pense que le rôle non avoué de la Fed est surtout de protéger et sauver le système financier/bancaire actuel en injectant les liquidités nécessaires au non-effondrement du secteur, et non pas le soutien à l’économie réelle.
Ce faisant, la Fed contribue à la dévaluation du dollar, notamment pour tenter de relancer les exportations, mais cela ne fonctionne pas non plus, car tous les pays participent à cette guerre des monnaies. Je ne vois pas comment la Fed pourra éviter de relancer un énième QE, étant donné que la BoJ et la BCE continuent le jeu de la dévaluation compétitive.
Comprenez que toutes les monnaies chutent, certes à des vitesses différentes, mais elles chutent toutes ensemble. Ce qui se profile à terme est la perte de confiance totale dans les monnaies-papier.
Oroyfinanz
Fabrice Drouin Ristori : La force relative du dollar ces derniers temps doit davantage, selon moi, au “fear trade”, qui conduit les investisseurs à se réfugier dans le dollar, qu’à toute autre explication fondamentale.
Certes, avec la fin annoncée du QE par la Fed, le dollar a augmenté par rapport à l’euro, mais encore une fois, comme je le disais plus haut, la Fed ne pourra pas se passer d’un nouveau QE; elle en a besoin pour soutenir les marchés-actions et continuer sa politique de dévaluation compétitive pour tenter de favoriser les exportations.
Donc, la performance du dollar par rapport aux autres devises est temporaire.
On voit bien d’ailleurs, au niveau géopolitique mondial, que les BRICS cessent petit à petit d’utiliser le dollar en règlement des échanges commerciaux internationaux : cela ne favorise pas du tout le dollar à long terme.
Oroyfinanz
Fabrice Drouin Ristori : Oui, absolument, et cela va d’ailleurs de pair avec la remise en cause globale du pétrodollar.
Les nouvelles puissances ne souhaitent plus continuer à accorder aux USA le privilège exorbitant que représente l’émission libre de la monnaie de réserve mondiale.
D’une part, parce que la Fed, avec ses politiques de création monétaire exponentielle, est en train de détruire le pouvoir d’achat du dollar, et donc la valeur réelle des réserves monétaires de tous les pays de la planète.
Et, d’autre part, parce que ce privilège d’émission monétaire permet aux USA le financement de guerres et d’agressions contre ces mêmes nouvelles puissances (Russie, Chine).
Tous les évènements que vous pouvez observer ces dernières années entraînant l’utilisation d’une autre monnaie que le dollar en règlement des échanges commerciaux bilatéraux (matières premières, pétrole, gaz, produits commerciaux etc.) sont à analyser comme une remise en cause progressive du dollar comme monnaie de réserve internationale. La Chine, comme la Russie, sont les piliers de cette tendance au rejet du dollar.
Comme le disait Charles de Gaulle :
"Nous estimons nécessaire que les échanges internationaux soient établis comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d’aucun pays en particulier. Quelle base ? En vérité on ne voit pas qu’il puisse y avoir réellement de critère, d’étalon, autre que l’or."
C’est le nouveau système vers lequel nous nous dirigeons rapidement.
Oroyfinanz
Fabrice Drouin Ristori : Tant que le marché de l’or continuera à être déconnecté de la réalité du marché de l’or physique, le cours pourra continuer à baisser.
Je fais partie de ceux qui considèrent que le cours est manipulé, ou influencé, négativement par cette offre virtuelle d’or papier.
Je viens d’écrire un article sur l’infuence de l’or papier : « L’art de la guerre » médiatique contre l’or
Article dans lequel je soulève la question suivante, et que j’invite les investisseurs à se poser : si le cours n’est pas manipulé/influencé, comment est-il possible, étant donné la loi de l’offre et de la demande, que le cours baisse, alors que nous observons une demande record d’or et d’argent sur le marché du physique depuis quelques années ?
C’est une interrogation simple que tous les investisseurs intéressés par l’or doivent se poser avant de prendre leur décision d’investissement.
Ma réponse à cette question est donnée dans cet article.
J’ajouterais simplement que les cours de l’or et de l’argent repartiront à la hausse dès que nous verrons des tensions de plus en plus importantes sur le marché du physique, tensions qui enverront un message clair aux investisseurs : Si l’or ou l’argent n’est pas disponible, c’est qu’il n’y a pas autant d’or et d’argent physique que ce qu’il existe de contrats or papier en circulation.
À ce moment-là nous verrons une accélération de la ruée vers le “physique” et certainement une forte appréciation des métaux précieux.
Notez que les BRICS et les banques centrales n’achètent pas d’or ou d’argent sous forme papier, mais uniquement sous forme physique.
Oroyfinanz
Fabrice Drouin Ristori : Je conseillerais aux investisseurs de se concentrer sur l’analyse de la demande mondiale d’or et d’argent physique, en priorité, et d’arrêter d’écouter les médias financiers de l’Ouest qui n’analysent pas correctement les marchés des métaux précieux.
Cela leur permettra de réaliser qu’il existe une anomalie dans le mécanisme de détermination du cours des métaux précieux et qu’ils doivent profiter de l’extrême sous-évaluation des métaux précieux pour en acquérir avant que le marché du physique soit réellement perturbé et que des problèmes plus importants de pénurie ne surviennent.
Je suis personnellement investisseur dans l’or et surtout l’argent physique depuis 2008, et je profite des baisses organisées pour augmenter ma position.
Je me comporte comme les banques centrales, surtout celles des BRICS, qui possèdent toutes de l’or physique. Je suis ma propre banque centrale, ce qui signifie aussi que je ne stocke pas mon or/argent physique en milieu bancaire.
La société que j’ai fondée, Goldbroker.com, a mis en place une solution d’investissement qui permet de détenir et stocker de l’or et de l’argent physique directement en nom propre, sans intermédiation, et avec stockage hors du système bancaire. Chaque investisseur peut donc devenir sa propre banque centrale avec notre solution.
Ma recommandation finale est donc celle-ci : j’invite les investisseurs à devenir leur propre banque centrale et à n’investir que dans l’or physique.
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