Alors que l’Espagne, le Portugal et l’Italie se sortent de leurs déficits publics massifs — le déficit public de l’Italie est passé de 8% du PIB en 2022 à 3,4% en 2024 — la France continue de s’enfoncer et est désormais l’homme malade de l’Europe. Les pays du "Club Med", que nous regardions jadis de haut, nous ont dépassé.

La France figure sur le podium du déficit public (5,8% du PIB, n°1 de l'UE), des dépenses publiques (57,1% du PIB, n°2), des recettes publiques (51,3% du PIB, n°3), de la dette publique (113,0% du PIB, n°3) selon le site Fipeco.

Et donc : dépenses (57,1%) – recettes (51,3%) = déficit (5,8%).

Une précision : on parle ici de "recettes publiques" (51,3% du PIB) qui incluent les prélèvements obligatoires (les impôts, taxes et cotisations sociales, les prélèvements au sens strict) auxquels se rajoutent les "recettes non obligatoires" qui sont :

  • Les dividendes des entreprises dans lesquelles l’État détient une participation (la Banque de France, Airbus, Engie, Safran, Thales, la FDJ, Renault, Orange, etc.) ;
  • Les redevances d’utilisation du domaine public : les prélèvements que les collectivités locales imposent aux entreprises ou particuliers utilisant le domaine public pour des activités commerciales telles que les réseaux de gaz, d'électricité, de Télécom, d'eau, les terrasses de cafés, etc ;
  • Le produit de la vente de services par les administrations : 1/5 du PIB national, évalué par les coût car il n’y a pas de prix de marché, essentiellement les services régaliens (armée, police, justice), l’éducation nationale, les soins dispensés en hôpitaux publics, comme le précise l’INSEE. Un gonflement très artificiel du PIB…

En 2024, les prélèvements obligatoires se montent à 42,8% du PIB, tandis que les recettes publiques représentent 51,3% du PIB. Cela signifie qu’environ 10% du PIB provient de "recettes non obligatoires", qui constituent tout de même une ponction de l’État sur l’économie, puisqu’il en fixe les conditions et les tarifs. S’ajoute à cela un artifice comptable consistant à déterminer la valeur produite à partir des coûts, sans se soucier de la qualité ni de la demande réelle (par exemple les parents préfèrent mettre leurs enfants à l’école privée, mais celle-ci ne peut pas dépasser 20% des effectifs par une sorte de loi tacite). Bref, l’État-Moloch français ponctionne et dépense un peu plus de la moitié de la richesse crée par les Français, tout en faisant gonfler la dette… Étonnons-nous de sombrer.

Et tout va aller de mal en pis. Le FMI anticipe une aggravation du déficit français (6,1% du PIB au lieu des 3,4% prévus en 2028). L’organisation internationale ne croit pas aux efforts affichés par le gouvernement. Il est vrai qu’en l’absence totale de réformes structurelles, on voit mal comment les choses pourraient s’améliorer. À Bercy, on gratte désormais les fonds de tiroirs : l’idée d’une taxe sur les livres d’occasion a même été évoquée. Interdit de rire.

Ces chiffres catastrophiques — et peut-être surtout l’écart grandissant avec des pays autrefois en moins bonne posture que nous — risquent fort de déboucher sur une crise de la dette française. Accrochez vos ceintures !

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