+ 0,2% seulement, telle est la croissance de l’économie américaine au premier trimestre. Chacun aura remarqué comment la nouvelle a rapidement disparue des journaux après avoir fait une timide apparition parmi les titres principaux, elle mérite pourtant des analyses approfondies, l’avenir de l’économie mondiale est en jeu. Or ce chiffre montre tout simplement que la "reprise" américaine relève, une fois de plus, du mythe. Depuis 2009, la moyenne annuelle de la croissance du PIB des Etats-Unis tourne autour de 2%, ce qui ne traduit en rien une sortie de crise et un redécollage de l’économie.
En creusant un peu les chiffres, on se rend compte que le peu de croissance existant provenait pour une part significative du pétrole de schiste. Manque de chance, le cours du baril de pétrole s’est effondré au deuxième semestre 2014 (de 120 à 60 dollars) rendant cette technologie plus du tout rentable. Le nombre de forages mis en service a chuté de 56% de novembre 2014 à avril 2015, encore quelques mois et il reviendra au niveau de 2009, soit avant le décollage de cette technologie. Cela ressemble à une bulle qui éclate, et les taux zéro de la Fed ont incontestablement accéléré et amplifié ce phénomène, le crédit quasi-gratuit et les obligations à haut rendement ("junk bonds") s’étant engouffrés dans cette nouvelle ruée vers l’or.
L’effet sur le secteur lui-même et sur l’économie en général, qu’il entraînait dans son mouvement, est dévastateur : "le Texas et le Dakota du Nord, Etats qui concentrent 90% de la production totale de pétrole de schiste, ont contribué à plus de 23% de la croissance américaine de 2010 à 2013, quand ils ne représentaient que 8% de l'économie du pays en 2010" (La Tribune). Le quart de la croissance globale de l’économie s’envole, et il ne reviendra pas de si tôt.
L’inquiétude face à ce mauvais chiffre de croissance du PIB américain est renforcée par le fait qu’au niveau mondial le ralentissement se confirme : baisse de la croissance en Chine et dans les pays émergents, croissance zéro au Japon et en Europe (où là aussi on nous serine en permanence une prochaine reprise…). Tout ceci se produisant dans un contexte de bulle obligataire comme on n’en a jamais vu dans l’histoire (nombre de pays émettent à des taux négatifs, parfois même sur des échéances longues), et des marchés boursiers au plus haut. La déconnection entre les marchés financiers et l’économie réelle a rarement été aussi importante, tout cela va mal finir.
Dans le contexte actuel de politiques monétaires expansionnistes et de taux d’intérêt faibles, une récession économique aurait des effets catastrophiques. Un excès de liquidités sur une économie en contraction peut vite se transformer en effondrement du prix des actifs et en hyperinflation, tout cela en même temps : ce que vous possédez (immobilier, obligations d’Etat, actions) voit sa valeur chuter, ce dont vous avez besoin (nourriture, énergie) voit ses prix exploser, de la déflation mêlée à de l’hyperinflation, (le scénario de Nassim Taleb, l’auteur du Cygne noir). Seule bouée de sauvetage dans cette tourmente, l’or bien sûr. La prochaine crise sera bien plus terrible que celle de 2008.
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