Les avantages de l’or

Revenons un peu sur les avantages du métal jaune.

L’or éteint la dette, car il est le seul actif solide dans un bilan qui ne soit pas, en même temps, une responsabilité dans le bilan de quelqu’un d’autre. Pour cette raison, il est à l’abri d’un défaut de paiement, d’une dévaluation ou d’une dépréciation, contrairement au dollar, qui dans un bilan, représente une promesse de paiement avec un débiteur ayant des antécédents de dépréciation délibérée, voire de défaut.

L’argument majeur d’un retour à l’étalon-or est qu’il permet d’alerter automatiquement les mauvaises banques et les mauvaises politiques fiscales d’un gouvernement, car ils n’arrivent tout simplement pas à rembourser leurs dettes. Et en cas de doute sur la solidité de la monnaie du gouvernement ou du crédit émis par les banques, les citoyens peuvent immédiatement échanger leur papier-monnaie contre de l’or.

C’est un instrument essentiel de la liberté économique et de la protection de l’individu contre les mesures arbitraires de l’État, par exemple en lui offrant une protection contre les taxations confiscatoires, la dépréciation monétaire et la dévaluation. 

La prochaine crise économique et financière… sera une crise monétaire

La crise à venir sera en continuité avec celle de 2008. Si toutes les banques ont fait faillite au même moment cette année-là, c’était à cause de l’érosion et de la destruction du capital. Et le Trésor américain n’a rien trouvé de mieux que de lancer une politique de recapitalisation du secteur bancaire en émettant encore plus de Bons du Trésor avec des crédits basés sur l’émission de dette du gouvernement américain. C’est une erreur. Le seul moyen de rendre une devise nationale plus abondante sans l’affaiblir consiste à acheter de l’or et c’est d’ailleurs ce que font les banques centrales du monde entier depuis quelques années déjà.

La prochaine grande crise consistera en une destruction des capitaux, conséquence de la démonétisation de l’or faite il y a 50 ans, telle que l’explique Antal Fekete. Avant 1971, les dettes étaient des obligations et le privilège d’émettre de la dette allait avec l’obligation du remboursement. Tout a changé avec la théorie de Milton Friedman qui stipulait que le gouvernement américain avait le pouvoir de créer une dette infinie qui n’a jamais besoin d’être remboursée et qui ne perd pas de sa valeur, tant que le stock de dollars n’augmentait pas de plus de 3 % par an. Après les 3 % le chiffre est ensuite passé à 7 % et vu que cela ne fonctionnait pas, les banquiers centraux ont opté pour le keynésianisme en baissant les taux d’intérêt à 0 % et même en négatif.

Je rappelle que la baisse des taux d’intérêt signifie certes une baisse des prix (dans un premier temps), mais également une baisse de l’emploi disponible ce qui est inévitablement suivi par de la déflation et, in fine, une dépression économique. Paradoxalement, les taux qui baissent en permanence augmentent la dette et découragent les entrepreneurs d’augmenter leur production ou d’investir dans de nouveaux projets. Les taux d’intérêt bas sont donc un corrosif pour le capital, pour l’emploi et cela finit par tuer la prospérité globale avec des faillites en série.

L’or reste l’arme la plus efficace contre ce genre de spirale déflationniste. Les taux zéro et les taux négatifs détruisent absolument tout et ils ne peuvent pas être remontés, car les États et les entreprises piliers du système économique mondiales sont insolvables. Donc une fois que les banques ont bien vampirisé le système économique et profité des taux bas, elles finissent par être vampirisées à leur tour. C’est exactement ce que l’on voit aujourd’hui avec toutes les banques internationales hyperendettées et qui devraient être déjà en faillite. Et quand l’auteur a écrit ce livre, on ne parlait pas autant de taux d’intérêt négatif généralisé, je n’imagine même pas ce qu’il en dirait aujourd’hui.

En fait, aucune relance ne marchera tant que l’argent créé n’est distribué uniquement sur le marché obligataire. Les investisseurs sont prêts à acheter tous les titres, même à taux négatifs, parce que s’ils continuent de baisser, ils dégagent quand même leur plus-value. Les déficits n’apporteront aucun redressement et stimuleront juste l’économie du marché obligataire jusqu’à son retournement. Sous un régime de standard-or, les taux d’intérêt se stabiliseraient et il ne pourrait pas y avoir de spéculation obligataire, car aucun pari rentable ne peut être fait sur la variation de taux d’intérêt qui ne bougent pas ou peu. Donc avec l’étalon-or, pas de produits dérivés sur ce sujet et cette activité parasitaire pourrait être supprimée naturellement.

Comment sortir de la dette ? 

On peut même refinancer la dette publique avec des obligations or à long terme ! Par exemple pendant la crise de 2008, les États-Unis auraient pu sauver leur suprématie monétaire en raccrochant leur dette à l’or et en permettant à l’US Mint, qui produit et met en circulation les pièces de monnaie américaines, de frapper librement et de manière illimitée des pièces d’or et d’argent et de les mettre en circulation. L’argent métal accompagne souvent l’or dans les transactions du quotidien.

Il faut comprendre que le retour à l’étalon-or n’est pas quelque chose de caricatural, il n’est pas nécessaire de remplacer l’argent papier par un standard monétaire purement métallique. Il suffit simplement de déclarer officiellement que l’Euro, par exemple, n’est plus la seule monnaie à cours légal pour payer ses dettes et ses taxes. À partir de là, aux citoyens de choisir en quoi ils veulent être payés et quelle monnaie ils souhaitent utiliser. Il n’y a pas à fixer un prix de l’or ou un taux de change entre les monnaie-or, monnaie-argent et monnaie-papier, il suffit d’autoriser l’institution en charge de frapper les pièces d’or et d’argent de le faire de manière illimitée et libre de droits de seigneuriage.

Ce droit de seigneuriage représente la marge ou la prime entre le coût de production d’une pièce et son prix de vente au public. Il ne doit pas y en avoir dans un système standard-or. Cette introduction des métaux or et argent permettrait d’aider les finances des gouvernements en tant qu’extincteur ultime de la dette. Seul l’or a la capacité d’éteindre la dette, mais pour cela il doit sortir des coffres des banques centrales et circuler librement dans l’économie.

Le gouvernement doit permettre à l’institution qui frappe les pièces actuelles de créer des pièces d’or et d’argent à cours légal et de manière illimitée pour toute personne qui apporte son métal à la frappe. Cette institution devra d’ailleurs être indépendante de la banque centrale, car elle en sera, de facto, une concurrente. Si l’étalon-or n’est pas rétabli, le crédit va continuer sa croissance jusqu’à son retournement, ce qui fera exploser l’économie mondiale.

Le professeur Fekete donne un exemple concret avec la Grèce et l’Italie. Les gouvernements de ces deux pays pourraient échanger des Bons du Trésor côté en or sur 30 ans et des Bons du Trésor côté en argent sur 10 ans en échange de leurs euro-obligations en cours. Ils pourront tout simplement refinancer leurs dettes publiques en l’adossant à l’or et à l’argent qui dorment dans leurs banques centrales. Le symbole serait fort, car ce serait la première émission obligataire en or depuis 1935, ce qui permettrait non seulement d’éviter la faillite mais aussi de garder suffisamment de réserves dans les caisses pour relancer l’économie.

C’est pour cela que toute solution de sortie de crise doit passer par l’abrogation du Cours légal de 1909, autrement dit, la fin de la suprématie des billets de banque sur l’or. À l’international, l’étalon-or doit être réhabilité avec son système de compensation, le fameux marché des effets réels, pour payer les travailleurs sur la production en cours et non sur la production à venir, grâce à la fameuse lettre de crédit payable en or, dont on a parlé précédemment.

Et enfin pour cimenter ce paradigme, un double système monétaire doit être mis en place, toujours à l’international, en utilisant l’or et l’argent sans un ratio bimétallique officiel fixe. Ceci évitera de renouveler l’échec de l’Union Latine de 1865 qui était une organisation monétaire commune entre la France, la Belgique, la Suisse, l’Italie et la Grèce, fondée sur le régime de bimétallisme or-argent. Son principal échec a été de partir du principe que le ratio or/argent était constant, alors qu’il était en réalité variable ce qui a fini par avoir raison du bimétallisme, à cause des fluctuations des cours relatifs des métaux et des fluctuations de changes. L’étalon-or doit donc idéalement être associé à l’argent métal dans le nouveau système économique.

 

 

Conclusion : De l’étalon-or à la cryptomonnaie-or

Nous pouvons résumer l’essence de cette thèse du Standard Or en relevant que les défaillances économiques des dernières décennies, la mauvaise gestion, la dette, la destruction des acquis sociaux… ont pour principale cause l’utilisation ou l’abus d’utilisation de la monnaie papier et du crédit. La situation actuelle présente le risque de paniques bancaires, de grande dépression et de taux de chômage toujours plus grandissant. Ce n’est pas une crise de liquidité, c’est une crise de solvabilité.

Selon Fekete, l’or réapparaîtra irrémédiablement et triomphalement une fois que le régime mondial de monnaie papier mordra la poussière. Seuls ceux qui auront assez d’or dans leur banque centrale seront en mesure de fournir du capital pour redémarrer l’appareil productif après la grande crise et reconstruire le système financier nécessaire pour le soutenir. Vu le niveau de nos représentants politiques, la France est plutôt à côté de la plaque sur le sujet de l’or  (l’accord de 2018 entre la Banque de France et la banque américaine JP Morgan par exemple). Concernant la détention d’or par les particuliers, c’est la même chose. En ce moment, il est clair qu'il vaut mieux en détenir plutôt que d’en vendre pour une poignée de billets.

J’ai décidé de parler de ce livre, car la question du retour de l’or dans les transactions internationales revient sérieusement sur la table. Certains signaux l’attestent :

En somme, voilà une affaire à suivre de très près. J’ai actualisé cette thèse du Standard Or en la combinant avec les cryptomonnaies et la dématérialisation de la monnaie en général dans le livre "Géopolitique de l’Or".

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