Les actifs réels prennent de plus en plus de poids dans les stratégies d’épargne, deux raisons fondamentales l’expliquent :

  • La baisse des rendements des placements financiers sous l’effet de la généralisation des taux d’intérêts nuls ou négatifs;
  • Le risque de confiscation de son épargne par les banques (en vertu de la directive BRRD) ou par les compagnies d’assurance (en vertu de la loi Sapin 2).

Par "actif réel" les épargnants pensent d’abord à l’immobilier et à l’or, les autres catégories (œuvres d’art, voitures de collection, terrain agricole, etc.) requérant une expertise pointue, une connaissance qui ne s’improvise pas. La débancarisation profite donc à ces deux actifs, en volume le premier étant loin devant le second.

L’immobilier et l’or sont souvent associés par les épargnants, cependant avec beaucoup de confusion. D’abord nombre d’entre eux pensent détenir de l’or quand leur banquier leur achète de l’or papier (des ETF ou des actions de sociétés minières), ce qui se révèle une tragique erreur. Seul l’or physique que l’on détient en propre est digne d’intérêt, le reste n’est qu’un produit financier soumis à des aléas divers, jusqu’à la faillite en cas de crise financière ou bancaire.

D’autre part, l’épargnant a tendance à mettre sur le même plan la pierre et le lingot comme indestructible garant de son argent, il s’agit ici aussi d’une confusion. Un actif immobilier est un bien spécifique, on achète tel ou tel appartement, avec tous les risques que cela comporte. Si des malfaçons apparaissent, si le quartier est délaissé, si des dealers s’installent dans le hall, son prix de marché s’en ressentira négativement. En fait chaque acquisition constitue un pari, le prix au mètre carré n’étant qu’une référence moyenne. Au contraire, l’or est un bien générique, il est le même partout, un lingot est un lingot, au prix identique dans le monde entier, il n’y a pas de surprise. Le risque spécifique (l’expression vaut pour les actions) n’existe pas.

Conséquence logique de son caractère générique, l’or est divisible, on peut acheter des lingots, des lingotins, des pièces et ainsi revendre ce que l’on veut, alors qu’on ne peut pas vendre la moitié d’un appartement. Les biens immobiliers ne sont pas fongibles, à moins de détenir une grande quantité de studios, deux-pièces, trois-pièces dont on peut, à ce moment-là, revendre un pourcentage précis, mais les sommes en jeu sont d’un autre ordre. Enfin, suite naturelle de ces caractéristiques, l’or est liquide. Il s’agit d’un investissement à long terme, mais en cas de pépin des lingots ou des pièces se vendent en 24 heures alors que le délai pour un appartement se compte en mois, quand tout va bien.

Au crédit de l’immobilier, il faut bien sûr tenir compte du fait qu’il procure des revenus, au contraire de l’or, ce qui peut offrir un rendement enviable dans le contexte déprimé que nous connaissons. Mais il faut aussi intégrer la dimension fiscale et réglementaire : l’or étant considéré comme un placement, et seulement cela, il est soumis à la taxe sur la plus-value exactement comme les autres actifs financiers, ni plus ni moins. Au contraire, le logement étant un enjeu politique fort, les gouvernements, quels qu’ils soient, lancent de nouvelles lois, légifèrent, réglementent, taxent, ce qui crée une instabilité juridique et fiscale permanente, il s’agit d’un risque supplémentaire. Et puis dans le pire des cas, l’or voyage très bien, contrairement à une maison. Non, décidément, l’or et la pierre, ce n’est vraiment pas la même chose.

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