Le gouvernement égyptien a annoncé sa décision de laisser flotter librement sa devise après l'avoir dévaluée de près de 48 %. Cette mesure faisait partie des conditions posées par le Fonds monétaire international (FMI) à la mise en oeuvre de son plan d'aide de 12 milliards $ (9,6 milliards €) sur trois ans pour soutenir l'économie égyptienne.

L'abandon de l'arrimage de la livre au billet vert s'est accompagné d'une dévaluation de près d'un tiers de la monnaie par rapport au cours pivot de 8,8 pour 1 dollar. La Banque centrale tiendra jeudi une vente aux enchères de dollars, qui permettra à l’offre et la demande de déterminer la valeur de la livre pour la première fois depuis des décennies.

Il était quasiment assuré que la dévaluation causerait une montée en flèche dans les prix, ajoutant de la pression sur le gouvernement d’Abdel Fattah al-Sisi, qui craint une réaction populaire contre sa gestion de l’économie.

Sisi n’a eu cesse, ces dernières semaines, d’implorer les Égyptiens à le soutenir pour faire face à la pire crise économique du pays depuis des décennies, arguant qu’il n’y a pas moyen de se sortir de la crise économique, à moins que les Égyptiens « ne souffrent et soient patients ».

Sisi, un ancien général devenu président élu en 2014, s’est engagé à tout mettre en œuvre pour protéger les Égyptiens des retombées de l’inflation, retombées garanties avec les réformes économiques. La semaine dernière, il a déclaré que les militaires distribueraient ponctuellement de la nourriture de base, comme le sucre et le riz, à moitié prix, aux Égyptiens pauvres.

La banque centrale a également annoncé une hausse de trois points des taux d'intérêt, à 14,75%.

La banque a déclaré que ces mesures faisaient partie du plan de réforme du gouvernement et visaient à « mettre fin » au marché noir des devises. Ces mesures, a-t-il dit, vont « donner les moyens à l’économie égyptienne de faire face aux défis actuels, de libérer son potentiel et d’atteindre la croissance escomptée ».

« Laisser flotter la devise est une excellente décision, qui aurait dû être prise depuis longtemps, mais grâce à Dieu, nous l’avons fait ! », a écrit l’homme d’affaires égyptien Naguib Sawiris, sur Twitter. « Nous devons tous soutenir cette initiative pour qu'elle soit une réussite ».

La décision de la banque centrale fait suite au déclin prononcé et soudain de la valeur du dollar sur le marché noir, qui était monté jusqu'à 18,25 livres cette semaine avant de redescendre autour de 13 livres.

Le conseil exécutif du FMI n’a pas encore ratifié le prêt de 12 milliards $, sur lequel se sont provisoirement entendus l’Égypte et le FMI en août.

On s’attend également à ce que l’Égypte réduise ou élimine carrément les subventions publiques allouées à l’essence pour satisfaire aux exigences du FMI. Elle a déjà réduit les subventions à l’électricité domestique et fait grimper de 40% le prix du sucre pour les détenteurs de cartes de rationnement.

Pour tenter d'apaiser les nerfs de tous en cette période de tourmente économique, la banque centrale a déclaré qu’elle garantissait les dépôts dans toutes les devises, et que ni les individus, ni les sociétés ne subiraient quelque restriction que ce soit sur le dépôt ou le retrait de devises étrangères. Cependant, les règles sur les importateurs de biens non essentiels restent en place.

Les banques vont pouvoir fonctionner jusqu’à 21h et ouvrir le weekend pour acheter et vendre des devises étrangères, a ajouté la banque centrale. Les banques, en Égypte, sont normalement ouvertes au public jusqu’à 17h et sont fermées le vendredi et le samedi.

Ces développements surviennent seulement deux jours après que l’association des chambres de commerce eut infligé un coup au marché de devises non officiel, en annonçant un gel de deux semaines des transactions avec les traders de devises du marché noir, ainsi qu’une réduction des importations de biens non essentiels pour trois mois.

Le Conseil suprême égyptien pour les investissements, un conseil nouvellement formé, dirigé par Sisi, a approuvé mardi un paquet de mesures visant à stimuler l’économie, qui inclut un gel de trois ans de l’impôt sur les gains en capital sur les actions, ainsi qu’une augmentation indéterminée de la privatisation partielle des entreprises publiques.

Source originale: The Guardian

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