Le dollar constitue environ 60% des réserves mondiales, 80% des paiements internationaux et presque 100% des transactions de pétrole.
Ainsi, la force ou la faiblesse du dollar peut avoir un impact énorme sur les marchés mondiaux.
Si l'on regarde l'indice du dollar pondéré en fonction des échanges commerciaux (TWEXMPA - mon indicateur favori du taux de change, bien mieux que DXY), on voit que le dollar a atteint un sommet historique en mars 1985 (128,4) et un plus bas historique en juillet 2011 (80,3).
À l'heure actuelle, l’indice se situe à 95,2, sous le milieu de la fourchette de 35 ans. Mais ce qui importe le plus pour les partenaires commerciaux et les débiteurs internationaux, ce n’est pas le niveau de l’indice, mais bien sa tendance.
Le dollar a grimpé de 12,5% au cours des quatre dernières années, selon l’indice de la Fed, et c'est une mauvaise nouvelle pour les débiteurs des marchés émergents qui ont emprunté en dollars, et qui doivent maintenant puiser dans leurs réserves de change qui s’amenuisent pour rembourser des dettes bien plus onéreuses en raison de la force du dollar.
Et les prêts aux pays émergents ont progressé à un rythme record.
En réalité, l’indice large de la Fed sous-estime le problème, parce qu'il inclut le yuan chinois, face auquel le dollar a été stable, et l’euro, face auquel le dollar faiblissait jusqu’à très récemment.
Si l’on se focalise sur certaines devises spécifiques des marchés émergents, l’appréciation du dollar, dans certains cas, est de 100% ou plus.
Une grande part de cette appréciation du dollar est attribuable à la politique de la Réserve fédérale américaine qui consiste à relever les taux d'intérêt et à resserrer les conditions monétaires en réduisant le bilan. Pendant ce temps, l’Europe et le Japon continuent leurs politiques monétaires laxistes, tandis que le Royaume-Uni, l’Australie et d’autres sont restés neutres.
Les États-Unis semblent être la destination privilégiée des capitaux spéculatifs à l'heure actuelle, à cause des différentiels de taux d’intérêt. Et cela a des conséquences considérables sur les économies des marchés émergents.
Une nouvelle crise de la dette de pays émergents a déjà débuté. Le Venezuela a fait défaut sur une partie de sa dette extérieure, et des litiges avec les créanciers et la saisie de certains actifs sont en cours. Les réserves de l'Argentine ont été sérieusement épuisées pour défendre la devise du pays, et elle s'est tournée vers le FMI pour obtenir un financement d'urgence.
L’Ukraine, l’Afrique du Sud et le Chili sont aussi très vulnérables à une déplétion de leurs réserves et à un possible défaut sur leur dette extérieure libellée en dollars.
Reste à savoir maintenant si cette nouvelle crise sera contenue à l’Argentine et au Venezuela, ou bien si elle deviendra contagieuse et provoquera une crise financière mondiale pire que celle de 2008.
Vingt ans se sont écoulés depuis la dernière crise de la dette de pays émergents, et dix ans depuis la dernière crise financière mondiale.
Cette nouvelle crise pourrait prendre un an à se propager ; il n’est donc pas trop tard pour les investisseurs de prendre des précautions, mais il est temps de commencer dès maintenant.
Comme je l’ai expliqué plus haut, les hausses de taux d’intérêt et les réductions du bilan de la Fed depuis décembre 2015 ont revigoré le dollar. Un dollar plus fort signifie des devises de pays émergents plus faibles, en général. Encore une fois, c'est exactement ce que nous avons observé dernièrement. En ce moment-même, les devises des pays émergents sont en chute libre face au dollar.
Mais voici une question pour vous :
Alors que la Réserve fédérale a de nouveau relevé ses taux le mois dernier, est-ce que les devises des marchés émergents ont atteint un plus bas ? Et le dollar a-t-il atteint son sommet ?
Source originale: Daily Reckoning
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