Nous avons été les premiers à parler ici de la directive BRRD (Bank Recovery and Resolution Directive) permettant à une banque en situation de faillite de ponctionner les comptes bancaires de ses clients. Et nous avons dénoncé le scandale que cela représente puisqu'il fait des épargnants, qui ne sont en rien responsables de la situation de leur banque, les principales victimes de sa mauvaise gestion. Dès la crise bancaire de Chypre en mars 2013, nous avons suivi la mise en place de cette directive, jusqu'à sa transposition dans le droit français au détour d'une ordonnance discrètement publiée le 21 août dernier (l'historique de nos textes).
Jusqu'ici aucun "grand" média n'avait repris l'information, mais c'est maintenant chose faite avec Le Figaro qui titre, le 22 décembre : "Les banques en faillite pourront désormais ponctionner les comptes des déposants". Eh oui, nous ne vous racontions pas d'histoires, tout ceci n'était pas un mauvais cauchemar, il n'y a au contraire rien de plus réel.
On n'apprendra rien de plus, dans cet article, que ce que nous avons déjà dit. Le journaliste semble confiant dans le fait que les comptes de moins de 100.000 euros seront protégés, alors que nous avons montré que les garanties se révèlent quasi inexistantes. L'avocat interrogé pour l'article semble prendre cette affaire à la légère : "il vaut mieux, en cas de faillite, perdre 10-15% de ses dépôts que la totalité, comme avant". Bah voyons ! 10-15% de ses avoirs, pas de quoi faire un scandale, vraiment ? Et si c'est 30%, ou la totalité comme à Chypre avec la Laiki Bank ? En plus son affirmation est fausse, "avant" l'épargnant ne perdait rien puisque l'Etat se portait garant (comme lors de la crise de 2008). Que l'on trouve cela juste ou injuste est une autre question. Est-ce au contribuable ou à l'épargnant de payer les pots cassés ? Nous, nous disons ni l'un ni l'autre, il faut prendre le problème d'une autre façon et faire en sorte que le système bancaire devienne plus sûr (séparation des banques de dépôt et des banques d'affaire, augmentation des fonds propres, faire la vérité sur les produits dérivés, etc., autant rêver les banques n'en veulent pas).
Quoi qu'il en soit, l'élément extrêmement positif de cet article est que les grands médias commencent à s'intéresser à cette directive qui légalise la spoliation des épargnants, et cela au profit des banques qui refusent de remettre en cause leur mode de gestion trop risqué. Voici un scandale à dénoncer, espérons qu'il fasse d'autres gros titres, et ce dès le début de l'année 2016. Une prise de conscience de l'ensemble des épargnants du pays est nécessaire, cette directive mérite amplement un débat national !
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