Les banques ont beau être allègrement et communément honnies, elles détiennent un exorbitant privilège : celui en toutes circonstances de ne laisser ni dirigeants politiques ni marchés financiers, ni institutions monétaires ni même autorités de régulation indifférents à leur sort tant elles sont critiques pour la bonne marche du système. Les premiers mois de 2023 en ont apporté, si besoin était, une nouvelle et cinglante démonstration. La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) marquée par un bank run historique (42 milliards $ de demandes de sorties des dépôts le seul jeudi 9 mars), faillite qui suivait de deux jours la liquidation de Silvergate et précédait de 48 heures la déconfiture de Signature Bank a fait resurgir incontinent le spectre de Lehman Brothers et de la crise systémique de 2008. La panique s’est répandue comme une trainée de poudre en Bourse et précipité dans les abysses les cours des banques moyennes américaines que les investisseurs suspectaient de fragilité – on songe entre autres à la débâcle boursière de First Republic dont le cours se situe toujours un mois après 60 % en dessous de ses niveaux du début mars.
Au regard de la vitesse, de la soudaineté et de la brutalité d’une crise qui est parvenue à mettre à genoux trois banques en moins de cinq jours, ne serions-nous pas devant les prémices d’une réitération de la Grande Crise Financière (GCF) ? Question de bon aloi à laquelle répondre nécessite un diagnostic –à quel type de crise le secteur bancaire américain se retrouve-t-il confronté : crise de liquidité ? Crise de solvabilité ? Les deux en simultané ? – ainsi qu’une appréciation du traitement administré – les mesures d’endiguement mises en œuvre par les autorités en général et la Réserve Fédérale des Etats-Unis (Fed) en particulier sont-elles adaptées et suffisantes ? Et quand bien même le diagnostic et le traitement seraient-ils bons, le risque de crise est-il définitivement étouffé ou le choc a-t-il entraîné des séquelles économiques et financières dont on ne prendra la mesure que dans les semaines et les mois à venir ? Et si cela s’avère le cas, quels sont ces dommages collatéraux et que nous laissent-ils entrevoir des perspectives des marchés boursiers ?
Synapses vous propose une plongée dans les arcanes des liens de causalité qui se tissent de façon complexe entre banques, politique monétaire, économie réelle et marchés financiers, des liens qui, bien que souterrains, façonneront à n’en pas douter le terrain de jeu des mois à venir.
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