Par Étienne Goetz
Le métal précieux confirme son statut de valeur refuge. Depuis que l'épidémie de coronavirus a pris de l'ampleur et entraîné des secousses sur les marchés financiers, les investisseurs se sont rués vers l'or. Selon les derniers chiffres du Conseil Mondial de l'Or (CMO), les ETF adossés au métal précieux ont enregistré des flux "énormes". Ces produits financiers ont drainé 298 tonnes, sept fois plus qu'en 2019, pour atteindre le record de 3.185 tonnes.
La demande en or ne progresse toutefois que de 1% au premier trimestre à 1.083,8 tonnes en raison de l'effondrement des besoins pour la joaillerie dans le sillage des mesures de confinement dans les deux principaux consommateurs, l'Inde et la Chine. Selon le CMO, la demande pour les bijoux a flanché de 39% sur un an. Le comportement des particuliers en Occident est inverse : contrairement aux Chinois et aux Indiens, ils ont acheté plus d'or que d'ordinaire soutenant la demande en pièces et en barres qui a progressé de 36%.
1.700 dollars
Sur les marchés financiers, le cours de l'or a progressé de 9% depuis le début de l'épidémie pour s'installer autour des 1.700 dollars l'once, son plus haut depuis 2013. L'once profite des incertitudes économiques et des politiques monétaires ultra-accommodantes des banques centrales pour soutenir l'endettement des Etats. Avec les baisses de taux massives, le métal jaune est redevenu intéressant aux yeux des investisseurs qui voient le rendement des obligations d'Etat s'éroder.
Les banques centrales moins friandes d'or
L'appétit des banques centrales s'est amenuisé au fil de la crise. Les institutions d'émission ont certes continué à acheter de l'or, mais elles l'ont fait à un rythme plus lent. Selon le CMO, les achats nets se sont élevés à 145 tonnes, soit une baisse de 8% par rapport à 2019. Quant à la demande industrielle, elle marque aussi le pas avec un recul de 8% à 73,4 tonnes.
Au début de la crise, l'once avait dégringolé de concert avec les marchés actions, les investisseurs ayant besoin de lever du cash rapidement pour répondre à des appels de marge ou pour absorber leurs pertes. Mais à plus long terme, les analystes et observateurs sont très optimistes. Ils parient sur une hausse durable des cours de l'or. Les plans de sauvetage de l'économie vont pousser les banques centrales à conserver des taux proches de zéro pendant encore longtemps.
Source originale: Les Echos
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