Nous avons déjà parlé de la fuite en avant du Japon dans la planche à billets, notamment depuis que le nouveau premier ministre, Shinzo Abe, a changé le directeur de la banque centrale et obligé l’institution à monétiser encore plus. Le Japon s’obstine dans cette politique depuis la crise des années 90 sans aucun résultat tangible puisque la croissance ne repart pas. Par contre la dette publique atteint des niveaux jamais vus jusqu’ici : 230% du PIB ! Qu’importe, il faut continuer et accélérer.
L'instauration d'une politique monétaire trop accommodante faisant craindre à terme une inflation trop forte, une partie de la population nippone se tourne logiquement vers l'investissement dans l'or physique pour protéger son épargne personnelle.
De manière assez innatendue, le premier ministre vient de recevoir un soutien de poids, celui de Christine Lagarde, la directrice du FMI. Elle a en effet "salué dimanche la refonte de la politique monétaire japonaise, qui constitue un soutien bienvenu à la croissance mondiale" selon Reuters. "Les politiques monétaires, y compris les mesures non-conventionnelles, ont contribué à soutenir les économies avancées et, à leur tour, la croissance mondiale", a-t-elle déclaré lors d'une conférence dans le sud de la Chine. La Banque du Japon a annoncé la semaine dernière son intention d'injecter l’équivalent de quelques 1.400 milliards de dollars de liquidités d'ici deux ans dans le système financier japonais (le bilan de la BoJ devrait atteindre 60% du PIB fin 2014, contre 30% à la fin de 2012 !). Et pour Christine Lagarde, cette décision ne peut que profiter à la croissance.
On croit rêver. Le FMI a toujours défendu l’équilibre des comptes publics à tout prix. Il jouait souvent le rôle du "méchant" qui venait aider un pays en dernier recours, mais en contrepartie d’un plan d’austérité drastique, spécialement de coupes dans les dépenses publiques. On se rappelle les manifestations dans plusieurs pays contre l’institution internationale accusée d’appauvrir la population. Manifestement cette réputation était trop lourde à porter et désormais le FMI cède aux idées à la mode. Mais ce sont aussi celles qui nous mènent à la faillite.
Il est vrai qu’à court terme un telle politique peut faire illusion. Sur ces quatre derniers mois le yen a perdu 20% de sa valeur par rapport au dollar tandis que le Nikkei a gagné 40%, anticipant une remontée des exportations. Qu’en sera-t-il vraiment ? S’il suffisait de dévaluer sa monnaie pour générer un excédent commercial ! Par contre cette guerre des changes incite les autres pays à monétiser encore plus, pour éviter une appréciation de leur devise…
Le FMI surveille sa réputation et veut être au mieux avec les grands pays développés. Jusqu’ici il n’approuvait pas à haute voix l’usage de la planche à billets, il le fait désormais, et à propos du pays qui abuse le plus de ce procédé ! De quoi être accueilli en vedette dans les grandes capitales mondiales, de quoi bénéficier d’une excellente image dans les médias. Hum… mais attendez, la presse française parle de plus en plus de Christine Lagarde comme possible candidate à l’élection présidentielle de 2017. On sait qu’elle vient de former un cabinet de 80 personnes à Paris pour cette raison (une association baptisée "La Grande Dame", véridique). Mais cela n’a aucun rapport, bien entendu.
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