Selon une étude de Deloitte, les réserves de cash des entreprises cotées en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient (zone EMEA) battent des records avec un total de 936 milliards d'euros. C’est 40% de plus qu'en 2007, soit juste avant la crise, et c’est tout le problème : les grandes entreprises gagnent de l’argent, mais elles ne savent pas trop quoi en faire.
La destination normale des profits, c’est l’investissement : "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain," selon la célèbre formule d’Helmut Schmidt, le Chancelier allemand de 1974 à 1982. Mais l’économie ne fonctionne plus comme ça, en tout cas depuis 2008 ; les entreprises n’investissent pas (pas autant qu’elles le pourraient) parce que la croissance est atone et la demande déprimée. Au lieu d’investir, ces entreprises préfèrent verser plus de dividendes à leurs actionnaires, ou réaliser des fusions-acquisitions (AstraZeneca-Pfizer, TWC-Comcast, General Electric- Alstom, Lafarge-Holcim pour les plus importantes de ces derniers mois). Verser des dividendes, cela ne crée pas de valeur en soi ; il s’agit d’un simple transfert, et les grandes fusions-acquisitions, lorsque l’on regarde ces dernières décennies, en créent rarement ; il s’agit surtout, pour l’entreprise prédatrice, de renforcer sa position sur son marché.
Mais il n’y a pas que les grandes entreprises qui possèdent des montagnes de cash ; c’est aussi le cas des banques centrales des pays ayant une balance commerciale excédentaire (la Chine, les pays pétroliers), des pays qui possèdent des fonds souverains (ces mêmes pays pétroliers). Et, par surcroît, que font les banques centrales des États-Unis, d’Europe et du Japon ? Elles font tourner la planche à billets avec leurs plans d’assouplissement quantitatif, parce qu’elles pensent ainsi relancer l’activité… Tout cela mène à un excès de liquidités dans le monde, mais cette "préférence pour la liquidité" traduit essentiellement une défiance envers l’économie réelle et ses mornes perspectives. Le résultat, on le voit : les placements bien notés par les agences de notation et bénéficiant d’une grande liquidité se portent au mieux (les marchés actions sont au plus haut, les taux sur la dette souveraine des grands pays au plus bas).
À défaut de pouvoir investir dans l’économie réelle, détenir des liquidités, quand l’inflation est faible ou nulle, peut sembler un bon calcul ; il peut même s’avérer gagnant en cas de déflation (le pouvoir d’achat de la monnaie augmente). Mais, attention : la situation actuelle n’a rien de normal ; elle traduit au contraire une économie malade, déséquilibrée, instable, qui n’est pas encore sortie de la crise déclenchée en 2008, et dans laquelle les banques centrales jouent aux apprentis-sorciers. Plusieurs dangers sont à prendre en compte : en premier lieu, ce cash est déposé dans des banques, avec le risque de beaucoup perdre en cas de crise bancaire. D’autre part, trop de liquidités pour trop peu d’actifs, cela produit des bulles (actions et obligations souveraines en ce moment) qui éclatent un jour ou l’autre. Enfin, la valeur de la monnaie peut brusquement s’effondrer en cas défiance généralisée (le Japon, avec sa dette à 250% du PIB et une banque centrale en roue libre, peut faire office de candidat sérieux). Alors rappelons simplement que le meilleur moyen de se prémunir contre ces risques consiste, bien sûr, à acquérir de l’or physique, une valeur intrinsèque qui demeure parfaitement liquide, contrairement aux autres actifs réels comme l’immobilier… en somme du cash, sans les risques du cash. Voici une précaution que ceux qui détiennent des liquidités ne devraient pas négliger.
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