Que signifie l'actuelle baisse prolongée et massive du cours des matières premières ? On a tendance à se focaliser un peu trop sur le pétrole (de 120 à moins de 60 dollars le baril !), la plus célèbre d'entre elles, et que chacun peut concrètement mesurer lorsqu'il fait le plein de sa voiture (même si la baisse des prix est réduite à cause des taxes...). Mais ce mouvement de baisse concerne l'ensemble des énergies, des métaux et, dans une moindre mesure, les produits agricoles. A cet égard, par comparaison, l'or se porte très bien puisqu'il limite son recul (même si l'or n'est pas à proprement parler une matière première puisqu'il n'est pas détruit lors de sa consommation).

Plusieurs raisons sont avancées, notamment le ralentissement de la croissance dans les pays émergents, au premier rang desquels la Chine. La surproduction est également avancée comme cause puisque les cours élevés avaient favorisé les investissements dans de nouvelles capacités de production, qui se retrouvent désormais excédentaires. Citons également une croissance moins gourmande en matières premières parce que plus tournée vers les services.

Mais nous pouvons aussi voir cette atonie sur les marchés des matières premières comme le "retour du réel", la sanction de la réalité du terrain face aux discours des gouvernements et des banques centrales qui nous vendent la "reprise". On peut manipuler le taux d'intérêt (c'est même revendiqué avec fierté par les présidents des banques centrales), on peut maquiller le taux de chômage en sortant les chômeurs des statistiques (93 millions d'Américains en âge de travailler n'ont pas d'emploi), on peut gonfler le PIB avec de la dépense publique, mais les tonnes de cuivre ou les supertankers remplis de pétrole, on ne les sort pas d'un chapeau.

Ce qui ne manque pas d'inquiéter, et qui traduit la schizophrénie de nos économies, c'est le décalage croissant entre le cours des matières premières et celui des marchés boursiers. D'un côté les chiffres de l'économie "les mains dans le cambouis", de l'autre des indices construits sur des beaux discours et des espérances. A votre avis, qui va l'emporter ? Nombre d'entreprises réalisent certes d'excellents résultats, mais la progression d'un indice boursier signifie une amélioration générale de l'économie, et nous pouvons largement en douter.

Ceci doit inciter l'observateur des marchés à savoir faire la part des choses entre les mesures réelles et les indices, entre les faits et les espérances. En somme, c'est un peu comme faire la différence entre l'or et les monnaies-papier.

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