Pour être clair : ceci n'est pas une fake news.
Voici un article de The Economist publié il y a 29 ans et six mois :
Préparez-vous au Phénix
9 janvier, 1988, Vol. 306, pp 9-10
Dans trente ans à partir de maintenant, les américains, les japonais, les européens, et les habitants de nombreux autres pays riches, ainsi que certains relativement pauvres, règleront probablement leurs achats avec une monnaie unique. Les prix ne seront plus affichés en dollars, yens ou deutschemarks mais, disons, en… Phénix. Le Phénix sera privilégié par les entreprises et les consommateurs, car il sera plus pratique que les monnaies nationales d'aujourd'hui, qui apparaîtront alors comme la cause de la plupart des perturbations économiques survenues lors du siècle dernier.
Faire cette prévision au début de l'année 1988 peut paraître farfelue. Des propositions pour une éventuelle union monétaire ont déjà été soumises il y a cinq ou dix ans, mais ils n'avaient pas anticipé le krach boursier d'octobre 1987. Les gouvernements des grandes économies ont essayé d'évoluer vers un système géré de taux de change - une étape préliminaire de ce qui pourrait resembler à une réforme monétaire radicale. Mais à cause d’un manque de coopération dans leurs politiques économiques sous-jacentes, le résultat a été désastreux, et cela a provoqué la hausse des taux d'intérêt qui a déclenché le krach boursier d'octobre. Ces événements ont échaudé les réformateurs du système de taux de change. L'effondrement du marché a démontré que faire semblant de mener une politique de coopération peut être pire que de ne rien faire, et que, en attendant qu’une véritable coopération soit faisable (c'est à dire, quand les gouvernements abandonneront leur souveraineté économique) toutes tentatives de mettre en place un système de change fixe se soldera par un échec.
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LA NOUVELLE ÉCONOMIE MONDIALE
Le plus grand chamboulement dans l'économie mondiale depuis le début des années 1970 est que les flux d'argent ont remplacé les échanges de biens comme la force qui détermine les taux de change. Du fait de l'intégration croissante des marchés financiers mondiaux, les différences dans les politiques économiques nationales peuvent perturber les taux d'intérêt (ou les prévisions de taux d'intérêt futurs) certes légèrement, mais suffisamment pour susciter d'énormes transferts d'actifs financiers d'un pays à l'autre. Ces transferts inondent le flux des revenus commerciaux et impactent l’offre et la demande des différentes devises, et donc leur effet sur les taux de change. Comme la technologie des télécommunications continue d'avancer, les futures transactions seront moins chères et plus rapides. Sans coordination dans les politiques économiques, les monnaies ne peuvent devenir que plus volatiles.
Par tous ces moyens, les frontières économiques nationales se dissolvent progressivement. Comme la tendance se poursuit, l'attrait d'une union monétaire à travers les principaux pays industrialisés semblera irrésistible pour tout le monde, sauf pour les cambistes et les gouvernements. Dans la zone-Phénix, l’ajustement économique aux variations des prix relatifs se ferait en douceur et automatiquement, un peu comme aujourd'hui entre les différentes régions au sein des grandes économies. L'absence de risque de change devrait stimuler le commerce, l'investissement et l'emploi.
La zone-Phénix imposerait des contraintes strictes aux gouvernements nationaux. Il n'y aurait plus, par exemple, de politique monétaire nationale. Le Phénix serait émis par une nouvelle banque centrale, peut-être liée au FMI. Le taux d'inflation mondial - et, par conséquent, dans des marges étroites, chaque taux d'inflation national, serait sa responsabilité. Chaque pays pourrait utiliser les impôts et les dépenses publiques pour compenser les baisses temporaires de la demande, mais il aurait à emprunter plutôt que d'imprimer de l'argent pour financer son déficit budgétaire. Sans disposer de recours à la taxe par l'inflation, les gouvernements et leurs créanciers seraient obligés de mieux évaluer leurs emprunts et leur dette qu'ils ne le font aujourd'hui. Cela signifie une grande perte de souveraineté économique, mais les tendances qui rendent le Phénix si attrayant éliminent les souverainetés nationales dans tous les cas. Même dans un monde de taux de change plus ou moins flottants, les différents gouvernements ont vu leur indépendance politique contrôlée par un monde extérieur hostile.
Alors que le prochain siècle approche, les forces naturelles qui poussent le monde vers l'intégration économique offriront un large choix aux gouvernements. Ils peuvent suivre le courant, ou construire des barricades. Préparer la voie pour le Phénix signifie moins de prétendus accords sur la politique et plus de pragmatisme. Cela veut dire autoriser et promouvoir activement l'utilisation par le secteur privé d’une monnaie mondiale, aux côtés des monnaies nationales existantes. Ce reviendrait à laisser les gens voter avec leur portefeuille pour le passage éventuel à une union monétaire. Le Phénix sera probablement introduit comme un cocktail de monnaies nationales, tout comme les Droits de Tirage Spéciaux le sont aujourd'hui. Avec le temps, cependant, sa valeur par rapport aux monnaies nationales cesserait d'avoir de l’importance, car les gens le choisiront pour sa facilité d'utilisation et la stabilité de son pouvoir d'achat.
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L'alternative - pour préserver une autonomie dans l'élaboration des politiques - impliquerait une nouvelle prolifération des contrôles draconiens sur le commerce et les flux de capitaux. Cela permettrait aux grouvernements de gérer les variations de taux de change, de déployer une politique monétaire et budgétaire sans inhibition, et de s'attaquer aux effets de l'inflation sur les prix et les revenus. C’est une entrave à la croissance. Le Phénix verra le jour aux alentours de 2018, et préparez vous à l'accueillir quand il sera là.
Source originale: Zerohedge
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