Les obligations souveraines représentent déjà plus de 70% des actifs des sociétés d'assurance en France, mais ce n'est pas encore assez ! L'Etat a toujours plus de dette à placer et dépendre d'investisseurs étrangers et versatiles est toujours risqué. Les sociétés d'assurance ont beaucoup de moyens et elles gardent en général leurs obligations jusqu'à leur terme, voici de bons clients. La solution : leur interdire de diminuer ce pourcentage, et même les forcer à l'augmenter. Par quel moyen ? La réglementation.
"Solvabilité 2" est actuellement en cours de finalisation, c'est l'équivalent de Bâle 3 pour les banques, c'est à dire des normes prudentielles s'imposant aux assureurs. "Solvabilité 2, dans sa version actuelle, empêche les compagnies d'investir dans les actifs à risques, à commencer par les actions" explique un professionnel. Les actions sont considérées comme un produit à risque et les assureurs doivent en conséquence mobiliser des fonds propres pour se protéger, mais comme par hasard, ce n'est pas le cas des obligations souveraines. "Si le recul de la part des actions dans leurs investissements s'élevait à 5 points pour le secteur de l'assurance, cela impliquerait le déplacement d'une masse de 300 milliards d'euros", a estimé Michel Didier, président de l'institut Coe-rexecode (La Tribune). Voilà autant de perdu pour le financement des entreprise, et autant de gagné pour l’Etat !
On le sait, les Etats interviennent dans la rédaction des accords Solvabilité 2, soit directement, soit par l'intermédiaire des assureurs sur lesquels ils disposent d'une "influence" certaine. Nous avons donc affaire à un énorme conflit d'intérêt puisque les Etats sont juges et parties ! Pendant ce temps là, le bon peuple des épargnants croit que les normes prudentielles sont faites pour le protéger...
Les normes prudentielles concernant les banques répondent à la même logique. Résultat : le système financier finance de moins en moins les entreprises, alors que c’est normalement sa mission première.
Avec des Etats qui forcent les assureurs et les banques à acheter leurs obligations, le système financier tourne de plus en plus en circuit fermé, il devient autoréférentiel. C'est comme cela que se forme une bulle. Tant que les gouvernements font face à leurs engagements, tout va bien, sinon le système entier saute et les épargnants sont ruinés. Ce comportement correspond en fait à la logique profonde des Etats : moi ou le chaos.
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