Il y a quelques mois, alors que l’économie du Venezuela était prise dans une spirale baissière et se dirigeait vers l’hyperinflation et l’implosion, ce qui avait provoqué des scènes d’effondrement social telles que décrites dans « Scènes d'apocalypse au Venezuela », nous écrivions que le pays qui avait récemment « manqué d’argent pour imprimer sa propre monnaie » se préparait à liquider ce qui lui restait d’or pour pouvoir rembourser ses dettes arrivant à échéance.
Nous avons ensuite découvert que le Venezuela exportait discrètement des tonnes d'or vers la Suisse, qui se préparait à boucler la transaction avec les éventuels acheteurs de l'or vénézuelien.
C’est dorénavant officiel : la transaction « or pour devises » a été officiellement conclue et, comme l’indique le Financial Times, les réserves d’or du Venezuela ont plongé à leur plus bas niveau historique après que le pays ait vendu plus de 1,7 milliard $ du métal précieux au premier trimestre de cette année pour rembourser ses dettes. Le pays est aux prises avec une crise économique qui le contraint à se battre pour nourrir sa population.
Les réserves d’or des membres de l’OPEP ont quasiment baissé d'un tiers depuis l’an dernier, et ils ont vendu plus de 40 tonnes d’or en février et en mars, selon des données du FMI. L’or représente maintenant près de 70% des réserves étrangères du pays, qui ont décliné à un bas de 12,1 milliards $ la semaine dernière.
Ce n’est qu’une question de temps avant que Nicolás Maduro, qui éprouve des difficultés à préserver son régime à la fois de l’opposition politique et des créanciers étrangers, ne vende tout l’or du Venezuela. Son prédécesseur Hugo Chavez avait fait de gros d’efforts pour rapatrier cet or, justement dans le but d’éviter ce genre de scénario. L’ancien président avait déclaré vouloir libérer le Venezuela de la « dictature du dollar » et demanda à la banque centrale du pays de délaisser le dollar US et commencer à accumuler de l’or à la place. En 2011, pour se protéger de l’instabilité du marché de l’or, Chavez rapatria à Caracas la majeure partie de l’or entreposé à l’étranger.
Le Venezuela a commencé à vendre ses réserves d’or en mars 2015, selon les données du FMI. Avec environ 367 tonnes, le Venezuela possède les 16èmes plus grandes réserves d’or du monde, selon le World Gold Council.
Pendant que le Venezuela vendait, la Chine et la Russie achetaient – peut-être à Maduro – et ces deux pays ont augmenté leurs réserves d’or cette année.
Rappel : l’an dernier, la banque centrale du Venezuela a échangé une partie de ses réserves d’or contre 1 milliard $ en cash lors d'un accord complexe avec Citi. Comme l'indique le Financial Times, ce swap sur or constitue une nouvelle preuve que le pays souhaite désespérément mettre la main sur du cash… au cas où ce n’était pas évident avec la montée des meurtres, de la violence et des troubles sociaux généralisés.
Mais la raison principale pour laquelle la liquidation de l’or continuera est que le Venezuela et sa compagnie pétrolière nationale, PDVSA, ont environ 6 milliards $ à rembourser en principal et en intérêts cette année. Craignant la faillite, PDVSA essaie de restructurer une partie de sa dette, selon des sources.
Dans le but de rassurer les investisseurs ce mois-ci, Miguel Pérez Abad, le « tsar » de l’économie du Venezuela, a révélé aux agences de presse que le pays s’était entendu avec son principal bailleur de fonds, la Chine, pour rallonger certains prêts, et qu’il réduirait encore les importations, même si les pénuries de biens de base ravagent le pays. Ce qui est important parce que, la raison principale pour laquelle la Chine est inondée de pétrole est que les pays comme le Venezuela lui envoient beaucoup plus de pétrole pour payer leurs dettes – contractées alors que le pétrole s'échangeait à 100 $ le baril – et, au final, Caracas doit envoyer le double, voire le triple, de pétrole à Beijing pour satisfaire les conditions des prêts.
« Nous avons un problème de cash flow, mais nous disposons de suffisamment d’actifs pour le court terme, et nous reverrons les niveaux d’endettement de manière intelligente. Il existe plusieurs scénarios, et toutes les propositions sont extraordinaires pour les détenteurs d’obligations. Ils disposent d’une assurance absolue que leurs titres seront garantis,» M. Pérez Abad a aussi dit à Bloomberg. Ecoanalitica, un cabinet-conseil établi à Caracas, a dit dans une note qu'ils « considèrent que les paiements de la dette extérieure sont prioritaires pour le comité exécutif. »
En d’autres mots, le Venezuela, dorénavant un État en faillite, se débarassera bientôt de ses dernières réserves liquides de valeur lorsqu’il vendra l’or qu’il lui reste pour rembourser ses créanciers, tandis qu’il continuera d’extraire du pétrole pour satisfaire Beijing et rembourser ses prêts pour l’énergie à la Chine.
Finalement, pour ceux qui auraient besoin d’un aperçu facile et rapide de la situation, voici une vidéo qui explique en moins de 100 secondes comment le défaut souverain du Venezuela n’est qu’une question de temps.
Source originale: Zerohedge
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