Écoutez l'épisode 6 de notre podcast "À l'Orée de l'Éco" :
Beaucoup de banques, d’États et de grands fonds achètent de l’or massivement via des circuits parfaitement légaux, mais "hors-marché". Il s’agit d’une tendance qui s'accroît, principalement au Moyen-Orient et en Asie, et qui rend la mesure de la valeur de l’or plus complexe qu’elle semble l'être au premier abord.
Moins la propriété privée est sacralisée, plus le stockage de valeur est rendu tendancieux. Partons d’un principe simple : plus les années vont passer, moins les cours officiels, quels qu’ils soient, refléteront la réalité des marchés.
Un marché, qu’est-ce ? Un point de jonction entre une masse de demandes et d’offres qui finissent par définir des prix que, théoriquement, quiconque ne devrait savoir nier.
Tant que les politiques sont raisonnables, tant que les sociétés font sens… les marchés suivent le rythme. À l’inverse, ce sont des marchés parallèles qui finissent davantage par réfléchir l’authenticité des prix.
Il me serait trop long de détailler ici d’autres paramètres, qui seront pourtant cruciaux à l’avenir : la valeur de la légalité parmi ceux-ci. Là encore, tant que la légalité était synonyme d’une relative logique, il n’y avait pas d’entraves majeures ; lorsque nombre de règles et de lois deviennent illogiques, apparaît une proportion correspondante de produits et de services qui voient leurs valeurs officielles fluctuer – mais ceci se fait ici en fonction de données contraires à la raison.
Pour notre sujet, l’or, qu’est-ce qui fait réellement sa valeur ? Et pour qui ? Est-ce son cours officiel ? Plutôt ses cours officiels d'ailleurs – ou, davantage le fait que tout le monde en demande et en achète. Je dis tout le monde, non par familiarité, mais simplement parce qu'il s’agit bien de tout le monde.
En ce sens, pour définir la valeur actuelle de l’or, et non son prix, il convient donc d’inclure ces quantités gigantesques d’or qui s’inscrivent dans des transactions que l’on qualifie comme étant "hors-marché".
En effet, il y a des transactions officielles qui sont déterminantes pour fixer le cours, lui aussi très officiel, de l’or : celles qui ont lieux sur le COMEX ; notons aussi les achats et ventes d’ETF qui mènent des fonds à acheter ou vendre de l’or physique pour équilibrer leurs positions… Puis, en parallèle, il y a tous les échanges privés effectués entre deux parties. Les gros investisseurs bien sûr, mais surtout, les institutionnels ; des États que l’Occident oublie trop souvent, des grandes banques, des fonds… Je ne parle pas de transactions qui seraient effectuées à Londres avec des acteurs comme HSBC et la Banque de Suisse. Non, plutôt une transaction entre une banque africaine et un institutionnel chinois qui prendraient des accords au Émirats arabes unis. Cela arrive ! plus qu’on ne le pense – et pour des quantités notables. Je veux donc vous dire que, il y a aujourd'hui, pour des montants colossaux, des transactions qui ne font pas fluctuer à la hausse le cours de l’or alors que cela devrait être le cas.
Toutes choses égales par ailleurs, j’en déduis que la valeur de l’or est proportionnellement sous-évaluée. N’oubliez pas qu’au sens littéraire, la valeur est apparentée au courage, et que le courage est ce fait magnifique de résistance consistant à agir malgré les troubles et les difficultés.
La valeur d’un actif, lorsque les motivations incitant à se procurer celui-ci ne sont pas immédiatement spéculatives, doit toujours être établie en rapport de la capacité de celui-ci à traverser le maximum d’effondrements économiques qui pourraient conduire à son érosion. L’actif doit donc être demandé, sa détention doit être légale, son usage doit faire sens ou être utile… Vous constaterez qu’aucun actif ne réunit, indéniablement et simultanément, ce type de vertus. Qui pourrait garantir que la détention d’or à titre privé ne pourrait pas être rendue illégale dans certains États ? Personne ! Il est par contre sûr que, dans certains cas, de l’or non-déclaré peut demeurer en circulation.
Mon idée n’est pas d’inciter à enterrer de l’or dans son terrain ; plutôt de faire comprendre que, quelles que soient les réglementations, l’or peut être sorti des canaux officiels ; également que sa valeur n'est pas simplement décrétée par des institutions.
Dans une première situation donnée, une banque hong kongaise détiendrait dans ses coffres pour l’équivalent de 100 millions $ de titres obligataires américains ; dans un autre cas, la même banque détiendrait pour l'équivalent de 100 millions $ en or. L’équation est simple, quelles que soient les éventuelles décisions qui seraient édictées par les États-Unis, dans le second cas, l’actif détenu par la banque ne saurait se déprécier.
L’or est véritablement en train de redevenir la seule et véritable mesure de la valeur – et ceci s'opère plus par les transferts qui ont lieu sur des marchés parallèles que par ceux ayant lieu sur des marchés officiels.
Il faut comprendre qu’en ayant cherché à démanteler les Nations, les gouvernements occidentaux successifs, ont également commencé à anéantir la valeur des cours légaux. On se dirige vers une période transitive, au cours de laquelle l'un des grands enjeux sera de segmenter une quantité multiple et relative de paramètres. Il y aura encore des valeurs illégitimes mais légales, des valeurs logiques mais illégales ; il sera parfois difficile de placer le curseur.
Finalement, il ne reste toujours qu’un seul paramètre, celui qui fait sens. Regardez, par exemple, combien les fluctuations boursières faisant suite à de mauvaises interprétations finissent systématiquement par être compensées. Le réel rattrape tous les marchés – et le seul marché qui vaudra demain, sera celui de la demande.
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