La croissance moyenne en Europe, au Japon et aux États-Unis ne cesse de ralentir par rapport aux décennies précédentes, et elle tend autour de zéro, désormais, pour les deux premiers, et de 2% pour le troisième. Pourtant, dans ces pays, l’innovation demeure foisonnante, quantité de nouveaux services apparaissent, de nombreuses startups se lancent et lèvent des fonds, et la recherche scientifique continue de faire des découvertes. Alors pourquoi cette inventivité (qui permet de faire plus et mieux avec moins) ne se traduit-elle pas par de la croissance économique ?
Il existe, bien sûr, une raison purement économique : le poids croissant de l’État dans l’économie, le montant des impôts et l’accumulation des réglementations qui découragent l’entrepreneur et étouffent l’initiative. Mais poursuivons sur le terrain de l’innovation…
C’est que l’innovation comporte un inconvénient, formulé par l’économiste Joseph Schumpeter : la "destruction créatrice". Au début, elle rend obsolète des produits qui se vendaient bien, pousse à la faillite des entreprises trop sûres d’elles-mêmes, et détruit de l’emploi. C’est le processus normal du capitalisme, d’une société où règnent les libertés économiques. Seule cette voie permet l’enrichissement d’un pays, la hausse du niveau de vie et le plein emploi, par delà des crises de croissance.
Cependant, de plus en plus, l’État est tenté d’intervenir pour protéger les entreprises existantes. On l’a vu avec les banques lors de la crise de 2008, et cela continue aujourd’hui avec l’action des banques centrales qui maintiennent leurs taux au plus bas, de façon à faciliter le refinancement du système bancaire. L’État fédéral américain a également aidé General Motors et d’autres grandes entreprises. On le voit aussi avec des innovations de rupture qui font face à la puissance étatique et aux corporatismes comme, par exemple, Uber, qui voit son développement entravé dans de nombreux pays sous la pression des taxis, ou Airbnb, qui voit se dresser devant lui de nombreuses municipalités. Ce type d’alliance entre les grandes entreprises, les corporations et les pouvoirs publics afin de maintenir le statu quo, c’est ce qu’on appelle le "capitalisme de connivence" ("crony capitalism"), qui prend, malheureusement, de plus en plus d’ampleur.
Mais il y a pire : l’État prétend parfois indiquer le sens du progrès et y consacre des sommes gigantesques, au point de déformer complètement les logiques de marché (effet d’aubaine, course à la subvention, satisfaire l’appel d’offre plutôt que s’interroger sur les besoins du consommateur). C’est le cas du réchauffement climatique et des dépenses astronomiques engagées dans l’éolien, le photovoltaïque, la lutte contre le CO2. Nous n’aborderons pas le problème de fond ici, mais nous remarquerons tout de même qu’un organisme international a été créé spécifiquement pour prouver ce réchauffement (Intergovernmental Panel on Climate Change, GIEC en France) et que, s’il en venait à invalider cette tendance, il perdrait toutes ses subventions… voilà qui n’encourage pas forcément à l’objectivité scientifique.
Au final l’État se mêle de plus en plus de l’innovation, de ses applications dans la société comme des directions qu’elle doit prendre, à coup de réglementations et de subventions. Le marché, c’est-à-dire la rencontre des entrepreneurs et des consommateurs, a de moins en moins son mot à dire. Comment s’étonner ensuite que le flux d’innovation n’irrigue plus suffisamment l’économie ?
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