Le premier tour de l'élection présidentielle française aura lieu ce dimanche. Les marchés sont inquiets par une victoire potentielle de la candidate anti-euro, Marine Le Pen. Les sondages démontrent que Le Pen n’a AUCUNE chance d'être la chef du gouvernement. Mais les sondages avaient aussi indiqué que le Brexit n'aurait pas lieu et qu’Hillary Clinton avait 98% des chances de devenir présidente.
"Et alors ?", pourrait-on se demander, "pourquoi une victoire de Le Pen devrait inquiéter ? Le Brexit et l’élection de Trump ont été suivis d'une envolée des marchés actions… pourquoi le fait que la France abandonne l’euro n'aurait-il pas le même effet ?"
Un mot : collatéral.
La dette est le gros problème des pays membres de l’Union européenne.
Oui, nous savons que les pays de l’UE croulent sous la dette… mais l’enjeu principal est de savoir À QUI appartient cette dette, et QUE représente-t-elle pour eux.
Pour les citoyens, la dette souveraine représente le paiement des prestations sociales, en échange d’une servitude pour dette à long terme du pays.
Pour les politiciens, la dette souveraine est une façon de payer les promesses de prestations sociales faites durant la campagne électorale.
Pour les banques… la dette souveraine représente le plus grand collatéral sur lequel adosser leurs portefeuilles massifs de produits dérivés.
Les marchés de produits dérivés – les mêmes qui ont provoqué l’effondrement de 2008 – n’ont jamais été véritablement traités.
Aujourd’hui, au moment d’écrire ces lignes, il y a plus de 700 000 MILLIARDS $ de produits dérivés dans le système financier.
Ce sont les grandes banques qui possèdent ou contrôlent la majeure partie de ces produits dérivés. Plus de 500 000 MILLIARDS $ de ces produits sont liés aux taux d’intérêt ou aux RENDEMENTS OBLIGATAIRES.
Pourquoi les banques possèdent-elles autant de produits dérivés ?
Les grandes banques raffolent des produits dérivés, parce qu’ils sont une classe d’actifs complètement opaque qui peuvent être évalués, échangés etc. à leur gré.
Imaginez que vous puissiez vendre quelque chose de valeur nébuleuse à quiconque (les grandes sociétés, d’autres banques, des fonds de pension, des hedge funds, et même des pays, achètent ces produits dérivés des grandes banques) et ce, au prix que vous voulez.
VOILÀ ce que représentent les marchés de produits dérivés pour les grandes banques.
Évidemment, les banques ont conscience que ces produits dérivés qu’elles vendent ou échangent n’ont, en réalité, peu ou pas de valeur du tout.
À cause de cela, les banques exigent que les autres banques aient du "collatéral" pour adosser ces transactions.
Collatéral : un actif de valeur réelle et déterminable qui peut sevir de garantie au cas où la transaction de produits dérivés tourne mal et qu’une contrepartie exige quelque chose qui a une valeur RÉELLE, afin de couvrir la valeur implosive de la transaction.
Les obligations souveraines… comme celles émises par la France… les mêmes obligations dont le prix serait réévalué si la France délaisse l’euro… sont l'un des plus grands collatéraux sur lesquels adosser ces transactions.
Alors… si Le Pen l’emporte… et SI elle parvient à faire sortir la France de la zone euro… et que la France doive réévaluer le prix de ses obligations sur la base d’une nouvelle notation de crédit – en tant que pays autonome, non membre de l’UE – nous parlons alors de plus de 220 000 MILLIARDS € de dette souveraine dont la valeur devra être réévaluée.
Si l’on se base sur l’effet de levier standard des portefeuilles de produits dérivés des grandes banques, cette dette souveraine s'appuie sur 20 000 milliards € et 50 000 milliards € de produits dérivés (en vérité, 100 000 milliards € est probable).
En termes simples… une sortie de l'euro par la France serait l’équivalent de dix fois Lehman Brothers.
C'est la raison pour laquelle une victoire potentielle de Marine Le Pen n’est pas un autre Brexit ou un autre Trump… en fait, il y a là le potentiel d’une bombe des produits dérivés.
Est-ce que Le Pen l’emportera ? Nous n’en avons aucune idée. Mais les enjeux sont beaucoup plus importants pour les banques que le Brexit ou la victoire de Trump.
Source originale: Zerohedge
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