Plusieurs pays européens ont décidé d'adhérer à la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB), un rival potentiel d’institutions telles que la Banque asiatique de développement (BAD) et la Banque mondiale (BM).
A l'image de la Grande-Bretagne une semaine auparavant, la France, l’Allemagne et l’Italie sont passés outre aux réticences exprimées par l'administration américaine qui s'inquiète pour la gouvernance de la nouvelle banque créée à l'initiative de la Chine.
Comme l'a initialement rapporté le Financial Times, les trois pays ont donné leur accord pour « emboîter le pas à la Grande-Bretagne et se joindre à cette banque de développement créée à l’initiative de la Chine... mettant à mal les efforts du gouvernement Obama pour garder les puissances occidentales à l’extérieur de l’institution ».
Cette décision, désormais officielle, intervient une semaine après avoir vu la Grande-Bretagne annoncer son intention de devenir un des membres fondateurs de cette banque au capital initial de 50 milliards de dollars.
Pendant ce temps, de nombreux dirigeants australiens (principal allié des Etats-Unis dans la région Asie-Pacifique) supportent ouvertement la participation à l’AIIB, ce qui marque un revirement surprenant par rapport à la position initiale du pays.
Le Premier ministre australien Tony Abbott, auparavant très sensible aux pressions de Washington, a annoncé ce week-end que son pays allait décider "bientôt" s’il allait se joindre à l’AIIB ou pas.
De plus, la Corée du Sud, la Suisse et le Luxembourg étudient la possibilité d'intégrer l’AIIB.
Dans une tentative de dernière minute pour atténuer la participation de ses alliés à la banque dirigée par la Chine, l’assistant du secrétaire d'État américain pour l'Asie de l'Est et le Pacifique, Daniel Russel, a dit, mardi à Séoul, qu’il doit exister des « preuves non équivoques » que cette banque prendra pour point de départ le niveau élevé de gouvernance qu'ont adopté d'autres banques de développement multilatérales.
Selon Mr. Russel, « il revient à chaque gouvernement de décider si le meilleur moyen d'atteindre cet objectif est d'adhérer avant que les articles de la charte ne soient clarifiés ou d'attendre de voir ce qu'il en sera quand la banque commencera à être opérationnelle ».
La Chine, qui détient plus de 4,000 milliards de dollars en réserves étrangères, encourage la croissance de ses propres institutions multilatérales, incluant l’AIIB, la Banque des BRICS et la Banque pour la Shanghai Cooperation Organization, tout en cherchant à augmenter son poids à la Banque mondiale et au Fond monétaire international (FMI).
Le ministre des finance chinois, Lou Jiwei, a déclaré ce mois-ci, que l’opportunité d’être un membre-fondateur de l’AIIB est ouverte à tous les pays asiatiques, y compris le Japon, rival historique de la Chine dans la région.
« Ils nous ont dit qu’ils considéraient la chose. Nous ne savons pas si le Japon nous rejoindra. C’est à eux de décider, » a indiqué Lou Jiwei.
Près de trente pays, pour la plupart d’Asie et du Moyen-Orient, ont confirmé leur participation à l’AIIB, une institution qui a pour but d’aider à financer des projets d’infrastructure à travers l’Asie, et qui devrait être opérationnelle cette année, en 2015. La date butoir pour faire partie de ce cercle a été fixée au 31 mars.
Pour répondre aux inquiétudes des Américains concernant les standards de l’AIIB, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Hong Lei, a dit, la semaine dernière, que les opérations et la gouvernance de l’AIIB seront ouvertes, transparentes, inclusives et responsables.
« Elle tirera profit de l’expérience d’autres banques de développement multilatéral pour éviter les détours inutiles, afin d’être efficace tout en diminuant les coûts, » a-t-il dit durant une conférence de presse.
L'AIIB complémentera les banques multilatérales d'investissement et de développement existantes, à savoir la Banque asiatique de développement (BAD) et la Banque mondiale (BM), et pourra jouer un rôle important dans le financement des infrastructures dont l'Asie a un besoin majeur.
L'AIIB participera ainsi au développement économique et social de la région et contribuera à la croissance mondial.
En plus d'être un un revers diplomatique pour l'administration américaine, la création de la banque AIIB marque une nouvelle étape dans la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis.
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