L'or a battu ce lundi son record historique, atteignant 1944,71 dollars (1660 euros) l'once dans les échanges asiatiques. Sa hausse a été alimentée par son statut de valeur refuge en pleine pandémie, fruit d'une longue histoire et de caractéristiques uniques.
Il a ainsi largement effacé son précédent record en séance de quelque 1 921 dollars l'once, signé en septembre 2011. Le cours du métal jaune s'est apprécié de plus de 27 % depuis le début de cette année.
Au moment où l'épidémie de coronavirus s'aggrave dans de nombreux pays, les investisseurs plébiscitent cette éternelle valeur refuge en temps de crise.
Les vastes mesures d'assouplissement monétaire décidées par la Réserve fédérale américaine (Fed) ont poussé le dollar à la baisse ces derniers mois, renforçant encore l'attractivité du métal précieux. Son marché étant libellé en dollars, une baisse de la devise américaine le rend moins onéreux pour les acheteurs utilisant d'autres devises.
Des analystes prédisent que l'or devrait prochainement dépasser les 2 000 dollars l'once, alors que la Fed pourrait livrer mercredi de nouvelles mesures exceptionnelles à l'issue de sa réunion de politique monétaire.
Le métal précieux par excellence
Rare, relativement aisé à extraire, facilement malléable (il devient liquide à 1 064 degrés Celsius) et inoxydable, l'or dispose de nombreuses qualités, en plus de sa beauté, qui le rend très pratique et ont fait de lui le métal précieux par excellence.
Il conservera une prédominance dans le système monétaire international jusqu'en 1971 et la décision du président américain Richard Nixon de suspendre la convertibilité du dollar en or, faisant éclater le système de Bretton Woods hérité de la Seconde Guerre mondiale. Entre-temps, l'argent avait déjà perdu de son éclat, notamment avec la découverte de nombreux gisements sur le continent américain.
Si, aujourd'hui, l'or n'est plus communément utilisé comme moyen d'échanges, il reste une valeur privilégiée pour quiconque veut se protéger des aléas.
Image de stabilité
De par sa rareté, et donc son prix, "beaucoup de valeur peut être conservée dans un petit espace", explique Carlo Alberto De Casa, analyste pour ActivTrades et auteur d'un livre sur le métal précieux.
L'offre d'or étant constante dans le temps, comparée à celle d'autres matières premières comme par exemple le pétrole, il jouit d'une image de stabilité.
Entre 2018 et 2019, la production minière a très peu évolué, baissant d'environ 1 %, et seule la hausse du recyclage a permis d'augmenter l'offre totale d'environ 3 %.
Et le métal précieux, "contrairement au dollar et aux autres devises, ne peut pas être imprimé" à volonté, ajoute l'expert, tandis que les principales banques centrales du monde ont déversé des quantités inédites de liquidité pour affronter la crise économique.
Pas de rendements
En revanche, l'or n'offre pas de rendements, comme c'est le cas des obligations avec les intérêts, ou des actions avec le dividende.
Ce qui pourrait être un défaut en fait un atout en période de crise : sa valeur et son rendement (qui est donc nul) ne dépendant pas de la santé de l'économie réelle, il résiste bien aux soubresauts de l'activité et devient une valeur refuge vers lequel se ruent les investisseurs.
C'est également le cas d'autres métaux précieux, comme l'argent ou le palladium, mais ceux-ci étant en grande partie utilisés à des fins industrielles, leur demande a tendance à diminuer en cas de récession mondiale.
Source originale: Leparisien.fr
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