Les pays africains sont devenus des États-nations "indépendants" dans le contexte d'un système monétaire fiduciaire basé sur la dette, l'étalon dollar. "Indépendant" doit être écrit entre guillemets car l'indépendance des pays africains est symbolique. Ceci est dit avec respect et gratitude dus à tous les hommes et femmes courageux qui ont combattu et sont morts pour mettre fin au colonialisme (direct). Pourtant, l'Afrique reste sous colonisation indirecte. Le colonialisme monétaire est l'une des formes d'assujettissement les plus paralysantes, et certainement la plus menaçante, que subit l'Afrique.
Dans "Africa's Way Out of Monetary Colonialism", l'auteur explique pourquoi et comment la monnaie fiduciaire nuit aux économies et aux vies africaines. Il affirme qu'une monnaie-or commune africaine, un souhait de longue date auquel de nombreux Africains adhèrent encore, serait un moyen efficace d'atteindre l'indépendance monétaire et donc économique. Dans cette optique, cet article présente le nilar, une potentielle monnaie-or panafricaine.
Pourquoi ce nom, "nilar" ?
Rien n'est plus symboliquement et historiquement panafricain que le Nil. Le Nil est le plus long fleuve d'Afrique et du monde. Son bassin versant comprend onze pays : la République démocratique du Congo, la Tanzanie, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Kenya, l'Éthiopie, l'Érythrée, le Sud-Soudan, le Soudan et, enfin, l'Égypte, où le Nil traverse le pays pour atteindre la mer Méditerranée.
Le Nil est également un fleuve important sur le plan historique et culturel. La vallée du Nil abrite certaines des civilisations les plus anciennes et les plus remarquables d'Afrique. En bref, le Nil est le fleuve le plus iconique, le plus mythique et le plus emblématique de l'histoire de l'humanité. Un fleuve qui, depuis des milliers d'années, symbolise la vie, le développement et la prospérité. De même, s'il était implémenté, le nilar créerait une nouvelle vie de stabilité et de développement pour une Afrique économiquement unifiée.
Comment mettre en oeuvre le nilar ?
La République centrafricaine a établi le Bitcoin comme monnaie légale, et le Zimbabwe, économie instable et inflationniste, a finalement pris la bonne décision d'introduire des pièces d'or pour résoudre le problème persistant de l'inflation galopante. Il s'agit de petits pas, mais néanmoins significatifs, dans la bonne direction. Cela pourrait être le signe que l'Afrique en a assez du colonialisme de la monnaie fiduciaire et des difficultés qu'il engendre.
En outre, un monde multipolaire est inévitable et semble se rapprocher. L'Afrique ne doit pas rester sous-développée et dominée. Le nilar est la clé. Pour cela, un changement dans la pensée économique est nécessaire. Les sociétés africaines postcoloniales ont vécu sous des concepts économiques oppressifs et non africains (par exemple, la monnaie fiduciaire, la banque centrale, le socialisme et d'autres systèmes économiques étatistes) qui, de toute évidence, n'ont pas réussi à apporter la prospérité économique et l'harmonie sociale. Ainsi, la crise actuelle est l'occasion d'une renaissance. Les sociétés africaines doivent prendre un nouveau départ en s'appuyant sur l'héritage économique de l'Afrique.
Si les sociétés africaines veulent être libres et prospères, les modèles étatistes ruineux (et étrangers) doivent être abandonnés.
Voici les mesures que les dirigeants africains peuvent prendre pour mettre en œuvre le nilar :
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Lors d'un sommet de l'Union africaine, les dirigeants annonceront le lancement officiel du nilar, marquant ainsi le début du processus de transition.
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Le système monétaire actuel, basé sur la dette, est sans aucun doute insoutenable. De nombreuses économies se dirigent vers l'effondrement, tandis que d'autres vacillent déjà. Les pays africains présentant un risque de défaut élevé devront renoncer de manière préventive à toutes les obligations liées à la dette extérieure. Les gouvernements africains doivent devenir fiscalement responsables et sains, car la dette systémique et les dépenses déficitaires sont incompatibles avec le nilar.
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L'inflation monétaire par les banques centrales (c'est-à-dire l'impression de monnaie fiduciaire) et les banques commerciales (c'est-à-dire l'expansion artificielle du crédit) devra également être complètement abandonnée. La banque à réserves fractionnaires, un concept frauduleux et inflationniste, doit être interdite.
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Étant donné que la plupart des pays africains n'ont que peu ou pas de réserves d'or en surface, les gouvernements devront rapidement supprimer toutes les mesures répressives (par exemple, les droits de douane, les barrières non tarifaires, les taxes, les permis interminables et autres barrières artificielles onéreuses) afin que le marché de l'or et les marchés connexes deviennent LIBRES. La chaîne d'approvisionnement de l'extraction, du traitement, du raffinage, de la frappe, de l'achat, de la vente, du stockage, de l'importation et de l'utilisation de l'or, qu'il soit frappé ou non, doit être LIBRE. Cela stimulerait instantanément la production locale d'or, ce qui attirerait également les capitaux étrangers et faciliterait l'importation de lingots d'or en Afrique. Ainsi, la quantité de pièces, de barres et de lingots frappés en circulation augmentera de manière significative en peu de temps.
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Chaque problème est une opportunité d'affaire. Ainsi, un marché libre entraînera l'apparition naturelle d'entreprises et d'applications technologiques pour résoudre les problèmes de la chaîne d'approvisionnement en or. Par exemple, des applications permettant de prévenir la fraude, de certifier instantanément la finesse, les sociétés de gardiennage, les assurances, le transport sécurisé, les coffres-forts, etc. Tout cela est essentiel pour assurer une bonne transition.
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Les lois sur les monnaies légales devront également être totalement supprimées. La liberté monétaire doit redevenir la norme en Afrique. De plus, cela permettrait de contenir les pressions déflationnistes et de minimiser les potentiels chocs déstabilisants, étant donné que les monnaies fiduciaires (par exemple, le cedi, le dollar, l'euro) circulent librement et s'échangent aux taux du marché libre contre de l'or. Dit autrement, la liberté monétaire est essentielle pour assurer une transition naturelle et ordonnée.
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Au début, le nilar pourra se présenter sous forme de coupures de 1, 2.5, 5, 10, 20, 50 et 100 grammes d'or fin. Un nilar équivaut à un gramme d'or fin (999,9), et un gramme d'or fin (999,9) equivaut à un nilar. De forme ronde ou rectangulaire, mais toujours d'une pureté de 999,9. Les dénominations et la pureté (999,9 uniquement) seront estampillées sur une face de chaque pièce ou barre, l'autre face étant réservée à l'entité émettrice. Par exemple, une pièce nilar frappée en Namibie comportera l'aigle martial. Une pièce nilar frappée au Sénégal arborera le visage de Cheikh Anta Diop, et ainsi de suite. Ainsi, une face de la pièce sera uniforme pour toute l'Afrique, et l'autre sera réservée au patrimoine du pays émetteur.
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Le nilar pourra être tokenisé et circuler numériquement, comme une crypto-monnaie. Toutefois, les réserves obligatoires devront toujours être de 100 %. Par exemple, si une banque ou une startup fintech émet des nilars numériques, ses réserves d'or feront l'objet d'un audit indépendant pour vérifier le ratio de 100 %. Les réserves fractionnaires doivent être interdites, et les fraudeurs sévèrement punis.
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Les banques centrales cesseront d'être des banques centrales, car elles n'imprimeront plus de monnaie fiduciaire et ne manipuleront plus arbitrairement les taux d'intérêt et de change. Cela marquerait la fin de l'ère de la monnaie fiduciaire. Les banques centrales africaines deviendront des organismes de conversion et de frappe de monnaie (CMA - Conversion and Minting Agencies). Outre la frappe de pièces nilar et la gestion des conventions monétaires, les CMA pourraient fournir d'autres services connexes, tels que le stockage. Les CMA d'État seront confrontés à la concurrence des CMA privés, ce qui permettra d'établir des contrôles fiables et intégrés. Cela garantira également qu'aucune CMA ou banque n'aura jamais le contrôle monopolistique du marché.
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Les taux d'intérêt (par exemple, un prêt bancaire) et les taux de change (par exemple, nairas vs dollars vs nilars) seront librement fixés par le marché local. Rappelez-vous que cette transition se fera dans un contexte de la liberté monétaire, et non par le biais d'intérêts et de taux de change imposés par des technocrates au sommet. En outre, les marchés effectueront la transition à un rythme différent. Par exemple, les conditions du marché en Afrique du Sud, qui dispose de 125 tonnes métriques d'or qu'elle peut utiliser, seront différentes de celles du Cameroun, qui n'a peut-être pas une seule tonne métrique d'or. Seuls les marchés libres pourront gérer un changement aussi complexe et tectonique. La bureaucratie et les interventions coercitives provoqueraient le chaos et, en fin de compte, l'échec.
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Les dettes, contrats et autres obligations légales devront être renégociés par les parties concernées sur la base des taux d'intérêt et de change fixés par le marché libre local. Les détenteurs d'obligations des gouvernements et des entreprises, les commerçants, les entrepreneurs, les employeurs, les employés, etc. décideront comment gérer la transition vers le nilar. Les autorités locales pourront produire du contenu éducatif et des directives. Des directives, pas une réglementation. Le marché doit être libre pour garantir le succès.
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Les États africains disposant de réserves d'or commenceront à frapper des pièces nilar pour payer les détenteurs d'obligations, les entrepreneurs et les fonctionnaires locaux. Au fur et à mesure que la quantité de nilars en circulation augmentera, les monnaies fiduciaires africaines seront retirées de la circulation.
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Les gouvernements africains devront également cesser de réprimer le droit naturel des Africains à la pleine propriété. Les droits de propriété sur l'or (et sur d'autres ressources naturelles) doivent être établis de manière à ce que les Africains, et non leurs gouvernements (c'est-à-dire les politiciens et les bureaucrates), soient pleinement propriétaires de leurs parcelles ou de leurs hectares de terre et de tout ce qui pourrait s'y trouver en dessous. Par exemple, si une Angolaise découvre un gisement d'or sous une parcelle de terre qui lui appartient de droit, qu'il s'agisse d'un minuscule ou d'un énorme gisement d'or, ce gisement devrait être sa propriété privée absolue, et non celle du gouvernement angolais. C'est ainsi que fonctionne une société libre et juste.
Lawrence W. Reed pose aux détracteurs de la monnaie-or quelques questions pertinentes qui méritent d'être mentionnées ici pour les détracteurs africains de la monnaie-or :
"De quoi est faite la monnaie fiduciaire émise par les gouvernements ? Du souffle des anges ? De la manne divine du paradis monétaire ? Bien sûr que non. Sa forme numérique est composée de "1" et de "0" éthérés, tandis que sa forme physique et familière est faite d'arbres. D'arbres ! Quand et où, dans l'histoire, un arbre - ou un dérivé d'arbre - est-il apparu naturellement et volontairement comme un moyen d'échange fiable ? Jamais et nulle part, sauf lorsqu'il était émis comme une sorte de "reçu" pour des choses réelles. Les opposants à l'étalon-or veulent nous faire croire que l'or est démodé, que la monnaie ne devrait pas provenir d'un trou dans le sol. Pensez-y. Ils nous disent qu'elle devrait plutôt provenir - roulement de tambour - des arbres ! Hmmm. Qu'est-ce qui semble le plus fiable - un étalon-or ou un étalon-arbre ?"
Conclusion
Le nilar est le moyen via lequel l'Afrique atteindra l'indépendance monétaire et économique de manière unifiée. Le nilar est le principal pilier sur lequel pourront se reposer des sociétés africaines stables, libres, prospères et structurellement justes. C'est également un facteur crucial pour le succès de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en tant que marché africain unique.
Un marché africain unique et libre soutenu par le nilar, avec des taxes faibles voire inexistantes, poourrait transformer l'Afrique d'une région sous-développée en une puissance économique mondiale d'ici quinze à vingt-cinq ans.
Source originale: ZeroHedge
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