Pour Matterhorn Asset Management, le journaliste financier Lars Schall a interviewé le dr. Philipp Bagus, professeur d’économie à l'Université Rey Juan Carlos de Madrid. Philipp Bagus explique les raisons pour lesquelles il croit que la crise financière est liée à la façon dont la monnaie fonctionne, et il se demande si un système de monnaie fiduciaire est voué à s’autodétruire avec le temps. Selon lui : « Le contrôle de la monnaie devrait être rendu aux peuples. Nous devrions être en mesure de choisir le moyen d’échange que nous trouvons le plus adéquat. »
Lars Schall : Philipp, merci de prendre le temps de nous parler aujourd’hui. Je commencerais en vous demandant : pourquoi pensez-vous que la crise financière est liée à la façon dont la monnaie fonctionne ?
Philipp Bagus : Merci, Lars. Pour répondre simplement, nous avons un système de réserve fractionnaire avec la monnaie fiduciaire actuelle. Les banques peuvent créer de la monnaie à partir de rien et la prêter. L’expansion du crédit mène à de mauvais investissements. On ment aux investisseurs sur le montant de l'épargne réelle disponible pour investir. Ils entreprennent plus de projets d’investissement qu’il n'est possible de le faire avec l'épargne disponible. Ils n’entreprennent pas ces projets parce que les gens ont économisé plus, mais bien parce que de la nouvelle monnaie a été créée. De plus, la possibilité pour les banques centrales de créer de la monnaie fiduciaire pour soutenir certaines institutions financières a eu pour effet d’amplifier les effets négatifs du système bancaire fractionnaire, en encourageant l'aléa moral. Quand les mauvais investissements deviennent évidents, tôt ou tard, la récession s’installe, et les erreurs sont corrigées. Cette période d’ajustement a débuté en 2008, mais les banques centrales et les gouvernements l’ont empêché…
L.S. : Pourquoi ne discute-t-on pas plus du système monétaire dans les universités ?
P.B. : Plusieurs économistes ne se penchent que sur les symptômes et essaient de trouver des solutions aux problèmes les plus évidents. Ils ne discutent jamais du système monétaire en soi : Est-ce que ce système est le plus approprié pour créer de la richesse ? Est-ce un système juste ? Est-ce que le système bancaire fractionnaire ou la monnaie fiduciaire augmentent le bien-être ?
Ce qui pourrait expliquer que cette question, si fondamentale, soit si peu abordée a sans doute à voir avec les principaux bénéficiaires du présent système, soit ceux qui font partie du système bancaire et les gouvernements. La plupart des professeurs sont employés par le gouvernement. Ils sont payés par les plus grands bénéficiaires de la monnaie fiduciaire. De plus, la plupart des articles de presse sur la politique monétaire sont écrits par des économistes de la banque centrale ou sont publiés dans des journaux financés par les banques centrales. Il n’est donc pas surprenant que ces banquiers ne questionnent pas le bien-fondé de leurs institutions, mais qu’ils cherchent plutôt à trouver des moyens encore plus efficaces de planifier centralement le système monétaire.
L.S. : Comment la monnaie est-elle créée, et qui la crée ?
P.B. : La monnaie de base est créée par les banques centrales lorsqu’elles achètent des actifs ou prêtent aux banques. Et, en plus, les banques peuvent créer de parfaits substituts de monnaie, sous la forme de dépôts à vue, tout en détenant seulement des réserves fractionnaires.
L.S. : Comment ça « marche », la monnaie, et quelles conséquences à long terme a-t-elle sur les marchés, l’économie et la société ? Qu’est-ce qui ne va pas, selon vous ?
P.B. : Notre monnaie fiduciaire immatérielle peut être crée à pratiquement aucun coût. Elle est émise par les banques centrales, sous privilège gouvernemental, et devient un système de franchise utilisé aussi bien par les banques privées que publiques. Il est difficile de résister à la possibilité de créer de la monnaie à partir de rien. Cela assure une offre de monnaie en augmentation constante et une hausse des prix sur le long terme. Avec une inflation de seulement 2% par an – un taux suivant lequel la BCE jugerait que la stabilité des prix est atteinte – le pouvoir d’achat de la monnaie baisse de moitié en vingt ans.
Les conséquences d’un tel monde de monnaie fiduciaire sont les suivantes :
Cela n'a pas de sens d’économiser afin d’acheter plus tard des actifs tels que des maisons, comme nos ancêtres le faisaient, au 19ème siècle. Au contraire, il est plus avantageux de s’endetter pour acheter une maison et de payer le prêt plus tard avec une monnaie qui perd constamment de son pouvoir d’achat.
Dans un monde de monnaie fiduciaire, il est logique de s’endetter tôt dans la vie et d’acquérir des actifs en vue de profiter de l’inflation des prix. La même chose est vraie pour les entreprises : l’effet de levier devient plus important. Le surendettement et de hauts effets de levier sont les conséquences directes de la monnaie fiduciaire. Les gens n’économiseront plus en monnaie, mais investiront, à travers des intermédiaires, dans des actifs dont le prix grimpe avec l’inflation, tels que les actions. Les intermédiaires, c’est-à-dire les marchés financiers, bénéficient donc grandement de ce système de monnaie fiduciaire. En effet, les marchés financiers ont connu une croissance beaucoup plus rapide que l’économie réelle lors des 40 dernières années. Le pourcentage des marchés financiers dans le PIB n’a cessé de croître, tout comme les bonus des banquiers.
L’effet de levier des entreprises et des banques, dans une économie croulant sous les dettes, signifie aussi que le système économique devient plus fragile, instable. Si un débiteur fait faillite, cela mène à des pertes pour ses créditeurs, ce qui risque de les mener également à la faillite, et ainsi de suite. Comme tout le monde est plein de dettes et utilise l’effet de levier, une spirale de dette pourrait faire mal à beaucoup d'entreprises. Le système est si fragile qu'il n’est jamais dans l’intérêt à court terme de personne de le transformer. C’est peut-être là l’effet le plus pervers de la monnaie fiduciaire.
Comme tout le monde s’endette et investit, via les marchés financiers, dans des entreprises à haut effet de levier, ou est employé par une entreprise qui dépend de la création monétaire, ou a des revenus provenant du gouvernement, dont les opérations dépendent aussi de la création monétaire, personne n’a intérêt, sur le court terme, à transformer le système, car si une monnaie-marchandise était introduite, comme l’étalon or, tous les montages avec trop d’effet de levier, trop d’endettement, s’effondreraient. Il y aurait de nombreuses faillites. Cela entrainerait un nettoyage ponctuel qui permettrait une croissance forte et soutenable par la suite.
Ce nettoyage en profondeur réduirait la taille des marchés financiers, des gouvernements et industries qui dépendent de la création de nouvelle monnaie. Un nouveau système monétaire, meilleur, et dans l’intérêt de la plupart des gens sur le long terme verrait le jour. Mais encore, sur le court terme, il pourrait y avoir certaines pertes violentes et l’effet de nettoyage pourrait être déplaisant.
C’est la raison pour laquelle il est si difficile de changer ou transformer le système.
L.S. : Quand il est question de monnaie, ne confondons-nous pas souvent les causes et les effets ?
P.B. : Les économistes et le public, en général, ont commencé à définir l’inflation comme une perte du pouvoir d’achat de la monnaie, i.e. une hausse des prix dans une monnaie. Mais avant le 20ème siècle, on définissait l’inflation en tant qu’augmentation de la masse monétaire. Définir l’inflation comme une hausse des prix peut mener à confondre la cause et l'effet.
L’inflation des prix n’est peut-être qu’un symptôme de la cause sous-jacente. C’est comme avoir la grippe et dire que la fièvre de 39° est la cause de cette grippe. Mais la fièvre n’est que le symptôme. Elle est causée par un virus. C'est la même chose avec la monnaie. Quand l’offre de monnaie augmente, les prix en monnaie seront plus hauts que ce qu’ils auraient été autrement. C’est l’augmentation de l’offre de monnaie qui fait grimper les prix. Cette hausse des prix n'est qu’un symptôme de la cause sous-jacente.
Il est donc préférable de définir l’inflation en tant qu’augmentation de l’offre de monnaie. En définissant l'inflation comme un des effets de l’augmentation de la masse monétaire, l’attention est dirigée vers le symptôme, et s’éloigne de la cause. Donc, il est dans l’intérêt des responsables de l’inflation, comme les banques centrales, de porter l’attention sur la hausse des prix. En fait, ces banquiers se présentent comme des guerriers de l’inflation, alors que leur business principal consiste à augmenter l’offre de monnaie.
L.S. : Le système monétaire rend-il les gens plus matérialistes qu’il ne le faudrait ?
P.B. : Comme je l’ai expliqué avant, il existe une forte pression, avec notre système, pour s’endetter le plus tôt possible et acquérir, par effet de levier, des actifs dont la valeur augmente avec l’inflation. Les gens n’ont pas le loisir d’attendre et d’économiser avant d'acquérir des actifs, parce que s’ils le font et économisent pendant vingt ans, la maison qu’ils veulent acquérir sera bien plus chère. Les gens, en s’endettant tôt, deviennent non seulement plus dépendants de leurs créditeurs, mais ils commencent aussi à vivre avec la pression de gagner de l’argent pour payer leurs dettes. Ils passeront moins de temps à faire du bénévolat, des activités spirituelles, prendront moins de congés, feront moins de longs voyages, auront moins de conversations profondes, et ainsi de suite. Et ceci, parce qu’à chaque minute que les gens ne gagnent pas d’argent, les prix continuent de grimper. Leur comportement serait différent dans un monde où les prix baisseraient doucement, constamment, comme ce serait probablement le cas sous un système monétaire naturel comme l'étalon or. Avec un tel système, vous disposeriez de tout le temps nécessaire pour acheter une maison, et vous n’auriez pas à vous endetter pour l’acquérir.
Pour faire court, dans un système de monnaie fiduciaire avec des prix constamment à la hausse, le travail rémunéré devient essentiel. Il devient plus important de gagner de l’argent rapidement, tôt. Les gens n’ont plus le loisir d’économiser des liquidités.
De plus, ils doivent devenir des experts des marchés financiers pour investir leurs économies afin que la valeur de ces économies augmente au moins au même rythme que les prix en général. Économiser en mettant de l'argent de côté ne suffit plus. Et, comme les gens doivent consacrer plus de temps à investir leurs économies, ils disposent de moins de temps pour d’autres activités.
Ce sont quelques-unes des raisons pour lesquelles les gens deviennent plus matérialistes dans un système monétaire fiduciaire que dans un système monétaire naturel.
L.S. : Croyez-vous que c'est logique que tout système monétaire fiduciaire s’autodétruise à la longue ? Et si oui, est-ce que l'échéance peut être retardée ?
P..B. : Dans notre système monétaire fiduciaire, il existe, comme nous l’avons expliqué, de fortes pressions à l’endettement. Surtout pour ceux qui reçoivent la nouvelle monnaie en premier, comme les marchés financiers et les gouvernements.
Étant donné que les marchés financiers peuvent facilement être sauvés par l’émission d’argent neuf, les institutions financières utilisent à outrance l’effet de levier et prennent des risques.
Dans un système fiduciaire, les marchés financiers sont fragiles et les gouvernements sont surendettés. Les gouvernements préfèrent financer leurs dépenses par de la dette plutôt que par des impôts impopulaires. Les ménages aussi s’endettent. Lorsqu’une crise frappe, la pression de la banque centrale devient énorme pour sauver les ménages surendettés, les marchés financiers et les gouvernements via l'émission additionnelle de monnaie. C’est ce qui est arrivé en 2007/2008. Mais ce bailout, à son tour, engendre de l'aléa moral et encore plus de dette.
En effet, les gouvernements sont aujourd’hui plus endettés que jamais et les taux d’intérêt sont au plus bas. Les banques centrales ne peuvent remonter les taux d’intérêt à des niveaux normaux sans causer la faillite d’agents surendettés, comme les gouvernements, qui pourraient à leur tour déclencher une spirale de faillites.
Pour faire court, le système monétaire fiduciaire cause le surendettement, qui force les banques centrales à émettre plus de monnaie, qui engendre le surendettement et l'aléa moral et plus d’impression monétaire… et ainsi de suite.
Cette chaîne d’événements se termine logiquement par l’hyperinflation, mais les gouvernements ont plusieurs options pour retarder le dénouement. La principale est de réduire le surendettement des gouvernements par des taxes, des ponctions de capitaux, et d’améliorer la stabilité du système bancaire avec des bail-ins. Une autre option plus radicale consisterait à faire une réforme des devises qui réduirait la dette et les économies de, disons, 1/10. Une réforme des devises serait une sorte de remise à zéro du système… qui pourrait reprendre sa dynamique perverse à nouveau. Toutes ces mesures pour retarder l'échéance impliquent, bien sûr, une redistribution massive, surtout des épargnants vers les créanciers, en particulier le gouvernement.
L.S. : Qui sont les plus grands bénéficiaires du présent système monétaire, et pourquoi ?
P.B. : Quand de la nouvelle monnaie est émise, les premiers en ligne pour la recevoir en bénéficient au détriment des derniers. Les premiers en ligne peuvent toujours acheter aux anciens bas prix. Et ensuite, les prix se mettent à grimper pendant que cette nouvelle monnaie se répand dans l’économie. Quand les derniers reçoivent cette nouvelle monnaie, les prix ont déjà grimpé. Pendant ce temps, ces derniers voient que les prix de l’essence, de la nourriture et de l’énergie grimpent, tandis que leurs revenus stagnent toujours. Alors il y a une redistribution immense en faveur des privilégiés, tôt dans le processus. Les premiers bénéficiaires en sont les institutions émettrices elles-mêmes, les banques centrales, puis les banques commerciales, publiques et privées.
L.S. : Pourquoi la monnaie nouvellement créée coule-t-elle surtout vers certains secteurs de l’économie, et quels sont ces secteurs ?
P.B. : Le secteur gouvernemental est un des premiers secteurs vers lequel se répand cette nouvelle monnaie. Le gouvernement détient le pouvoir de taxer, réglementer, et même de sauver les banques. Il est donc logique que les banques créent de l’argent neuf pour financer le gouvernement qui, en retour, leur offre des privilèges légaux, sauvetages et ainsi de suite.
Mais il y a aussi d’autres secteurs qui en bénéficient. Afin d’obtenir un prêt d’argent neuf, il est nécessaire d’offrir, en collatéral, des obligations, des actions ou de l'immobilier. Une très grande part de cette nouvelle monnaie va à ceux qui peuvent fournir un tel collatéral, des gens déjà très riches ou des entreprises bien établies.
Cet argent neuf est également un apport de vitamines pour les marchés financiers, qui ont eu tendance à croître énormément, ces 100 dernières années, vu qu’il semble normal d’investir cet argent neuf dans les actions et les obligations, qui augmentent constamment en valeur, et de les utiliser comme collatéral pour des prêts additionnels et ainsi de suite. Les intermédiaires pour ces investissements, les marchés financiers, progressent de manière artificielle.
L.S. : Vos cibles principales sont l’État et les banques centrales; mais les banques privées ne créent-elles plus de monnaie que les États ?
P.B. : Les banques centrales produisent la monnaie de base en achetant des actifs du système bancaire ou en lui fournissant des prêts. Par la suite, le système bancaire, avec des banques publiques et privées, peut augmenter le crédit en produisant des dépôts à vue, qui constituent un parfait substitut de monnaie elles-mêmes. Donc vous avez raison : les banques commerciales peuvent aussi créer de la monnaie. Et il y a plusieurs de ces banques publiques qui peuvent en produire, comme la Cajas, en Espagne, ou la Sparkassen ou la Landesbanken, en Allemagne. Et, en passant, ce sont celles qui ont investi le plus dangereusement dans la crise financière.
De plus, les banques ont obtenu le privilège légal de l’État de détenir des réserves fractionnaires. Les principes légaux exigent de détenir 100% en réserve pour les dépôts, et cela est valablle pour toute personne ou individu aujourd’hui. Si je dépose de l’argent chez vous, je dois pouvoir le récupérer à 100%... sauf si vous possédez une license bancaire. C’est un privilège légal.
Les banques peuvent aussi être sauvées par le gouvernement, si elles sont assez grosses. Les profits sont privatisés, tandis que les pertes sont socialisées. Est-ce que les banques sont vraiment privées aujourd’hui ? Privées dans quel sens ? Les banques détiennent de nombreuses obligations du gouvernement qui sont implicitement garanties par celui-ci. Nous pouvons voir le système bancaire en tant que secteur gouvernemental. Le système bancaire ne pourrait pas créer de la monnaie si le gouvernement ne lui donnait pas ce privilège.
L.S. : Que proposeriez-vous pour remplacer le système actuel ?
P.B. : Un système de libre marché. Le contrôle de notre monnaie devrait être rendu aux gens. Nous devrions être en mesure de choisir le moyen d’échange le plus adéquat. Une monnaie impliquant de l’or ou de l’argent constituerait une alternative de libre marché. Il ne devrait pas exister de privilèges, ce qui impliquerait que les banques détiennent 100% de réserves pour leurs prêts.
L.S. : D’où devrait venir le mouvement pour changer cela ?
P.B. : De la société civile. Quand les gens commenceront à comprendre les conséquences perverses du présent système monétaire, comme les crises financières, l’érosion sociale et morale, ainsi qu’une redistribution qui favorise les marchés financiers, les super-riches et les gouvernements, ils se révolteront. Pour cette raison, j’ai écrit, avec Andreas Marquart, Warum andere auf ihre Kosten immer reicher werden... (Pourquoi les autres s’enrichissent à vos dépens...). Le livre explique les problèmes dans un langage accessible à tous. Quand les gens commencent à comprendre, il y a de l’espoir… surtout que les prochaines crises financières ou les prochains krachs peuvent être l'occasion d'un changement.
L.S. : Entrevoyez-vous une réforme des devises, une remise à zéro du système monétaire international ?
P.B. : Une réforme monétaire constituerait une option pour remettre à zéro le système monétaire en douceur, sans krach ou hyperinflation. Une telle réforme pourrait impliquer la réduction de certaines dettes et économies monétaires, par décret, ainsi qu’une confiscation de tous profits résultant de ladite réforme. Quelque chose de similaire fut tentée en Allemagne après la Deuxième Guerre. Une telle réforme pourrait aussi impliquer la centralisation de l’émission de monnaie, afin d’améliorer la confiance dans le système.
L.S. : Est-ce que l’or fera un retour dans la sphère monétaire ?
P.B. : C’est une possibilité. Lorsque la confiance dans les devises fiduciaires s’effondrera ou sera sur le point de le faire, les gouvernements voudront peut-être jouer la carte de l’or pour redorer le blason de leurs devises et prévenir un krach ou l’hyperinflation. Les devises adossées à l’or reviendront à l’honneur grâce à l’entreprise privée, surtout quand l’inflation des prix commencera à s’envoler.
L.S. : Vous enseignez à une université espagnole… quel regard portez-vous sur la crise en Espagne, par rapport à ce dont nous avons parlé dans cette interview ?
P.B. : En Espagne, nous avons connu plusieurs bulles causées par l’expansion du crédit rendue possible par la politique extrêmement laxiste de la BCE au début des années 2000. Nous avons connu une bulle immobilière avec plus de 80,000 unités construites annuellement, soit plus qu’en France et en Allemagne réunies. Cela a engendré une bulle dans le secteur bancaire. Les banques qui ont financé la bulle immobilière ont réalisé de gros profits et ont pris de l’expansion. Il y avait une succursale bancaire à tous les coins de rue à Madrid. Les revenus du gouvernement ont également augmenté, grâce aux profits des secteurs immobilier et bancaire. Les dépenses gouvernementales, surtout pour les programmes sociaux, ont explosé. Ce qui donna naissance à une bulle gouvernementale, financée par de la monnaie facilement obtenue.
La première bulle à exploser a été celle de l’immobilier; la bulle bancaire grossit toujours, avec les banques financées artificiellement par la BCE ou tenues à flot par l’argent des contribuables. La dernière bulle toujours intacte est celle du gouvernement. Les politiciens refusent de la crever. Ils ne réduisent pas les dépenses gouvernementales, malgré que les revenus se soient effondrés après la fin du boom immobilier. Au contraire, les politiciens espagnols augmentent les taxes ou financent leurs projets en créant plus de dette, ce qui est rendu possible par la politique accommodante de la BCE et par le soutien implicite des contribuables allemands pour les dettes de la Zone euro. Il est facile de comprendre que cette situation est intenable.
L.S. : Une dernière question : Comment vous préparez-vous, personnellement, dans un environnement financier qui se détériore ?
P.B. : J’essaie de détenir une partie de mes actifs sous une forme difficilement imposable, ou qui peut difficilement être confisquée par les gouvernements. Je pense aussi qu’investir dans l’éducation de vos enfants constitue une bonne façon de prévenir les pertes et de fuir les plans de confiscation des gouvernements.
Le dr. Philipp Bagus, d’origine allemande, est professeur d’économie à l’Universidad Rey Juan Carlos, à Madrid. Son travail est focalisé sur les théories monétaires et les cycles commerciaux. Ses articles sont publiés à travers le monde, dans le Journal of Business Ethics, l’Independant Review, l’American Journal of Economics and Sociology. Il a écrit, en collaboration aves Andreas Marquart, le livre Warum Andere auf ihre Kosten immer reicher weden… und weich Rolle der Staat une suser Papiergel dabei spielen (Pourquoi les autres s’enrichissent à vos dépens… et quel rôle l’État et la monnaie papier y jouent).
Source originale: Goldswitzerland
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