Par Jesse's Café Américain
Quelqu’un nous demandait : « Pourquoi voudrait-on confisquer l’or des investisseurs dans les ETFs et autres fonds privés en manipulant le prix? À qui aurait-on pu confier cette tâche de s’accaparer l’or des gens, et pour quelle raison? Et il semble bien que cela est en train de se produire... mais pourquoi? »
Il existe plusieurs raisons possibles. La crainte qu'un nouveau nouveau cycle d'assouplissement quantitatif et de création monétaire puisse entraîner une hausse des prix de l’or est une possibilité. Les banques centrales sont sensibles aux mouvements de l'or et de l’argent, car en plus d'être considérés comme des monnaies alternatives, ils reflètent leurs propres initiatives politiques.
Cela est possible. Comme je l’ai souligné, il existe un précédent. En 1933, Franklin Roosevelt mit la main sur presque tout l’or détenu par les Américains. Et, aussitôt après, son gouvernement ré-évalua soudainement l’or de $20 à $35, et se servit des gains réalisés pour refinancer le système bancaire.
Bien que cela pourrait se produire à nouveau, cela me semble peu probable car ça irait à l’encontre de tout ce que la banque centrale a réalisé en mettant les États-Unis dans un système de monnaie purement fiduciaire, les derniers liens avec l’or ayant été coupés par Nixon en 1970. Elle préfère dénigrer l’or, même si elle en possède encore et en parle beaucoup par le biais de ses intermédiaires.
Il y a définitivement un mouvement qui est en train de se créer pour revisiter les Accords de Bretton Woods, qui ont établi le dollar US comme monnaie de réserve mondiale. Les pays du BRIC, qui gagnent en pouvoir économique, cherchent à établir une nouvelle monnaie pour le commerce mondial, monnaie qui ne serait pas celle d’une seule banque centrale, ni une monnaie empêtrée dans les politiques intérieures d'un seul pays. Ils veulent utiliser l’or et peut-être l’argent. Ils sont d'ailleurs en train d'acquérir d'importantes réserves.
Le cartel bancaire anglo-américain essaie de résister à ce mouvement en se servant de son pouvoir politique et diplomatique. Car, après les récentes révélations sur le scandale de l’espionnage, ils craignent que le gouvernement puisse obtenir des informations sur ces négociations qui continuent, très secrètement, en coulisses.
Mais il faut se demander qu’est-ce qui a bien pu déclencher la tempête de manipulation des prix de l’or qui a commencé au début de cette année. À moins d’être idiot, ou naïf à propos des marchés, il est impossible de ne pas s’apercevoir de la grossièreté de cette opération dont le but est de massacrer le prix de l’or, et aussi de l’argent, ainsi que de son ampleur. Ils n’essaient même pas de se cacher! Les traders ne se débarrassent jamais de centaines, voire de milliers de contrats, sur le marché à des heures calmes, sans d’autre objectif que de vouloir faire baisser le prix. C’est aussi simple que cela.
Je pensais au début que cela faisait partie de cette négociation pour la « fixation des prix » de l’or et de l’argent dans le panier de devises que les pays du BRIC développent. Mais cela semblait un peu mince comme explication, à moins de le considérer comme un « dernier essai » contre l’inclusion de l’or et de l’argent, en « démontrant » qu’ils seraient trop volatiles.
Alors je me suis penché sur mes graphiques pour y déceler le moment pivot, et vérifier les nouvelles à cette date, pour y chercher un événement qui aurait pu jouer un rôle déclencheur. Et cela me sauta aux yeux.
N’est-il pas remarquable que l’Allemagne, à la demande de ses citoyens, et malgré les objections de sa banque centrale, ait exigé le rapatriement de son or depuis les coffres de New York? La Fed leur a répondu qu'ils ne pourraient pas leur rendre immédiatement, mais qu’ils seront en position de leur retourner ce qui leur appartient dans sept ans...
Pardon? Le Venezuela a récemment exigé le rapatriement de son or, ce qui aida le prix de l’or à atteindre son record, parce que cette requête avait évidemment été faite avant d'être rendue publique.
Alors pourquoi l’Allemagne ne peut-elle pas rapatrier son or avant sept ans?
Pensez-y... et peut-être que les choses paraîtront plus claires. Tout est une question de crédibilité. Les actions passées des officiels doivent être cachées, afin de protéger des carrières et assurer que le statu quo continue de fonctionner de façon ordonnée, même à son propre détriment.
Oh, vous pensez que j’ai tort, qu’il s’agit d’une théorie bizarre? Bien, j’admets qu’une partie du problème réside dans le fait que l’on doit deviner (au delà de ce à quoi on devrait s’attendre dans des sociétés démocratiques) ce que les banques centrales et les marchés font avec notre argent et notre propriété. Nous assistons à la faillite des réglementations et de la surveillance, et au pouvoir corrupteur de l'argent en politique.
Mais, d’accord. Si ceci n’est qu’un égarement... alors rendez à l’Allemagne son or, en intégralité, cette année.
Si vous voulez prouver que vous dites la vérité, rendez l’or à l’Allemagne.
Et si vous voulez restaurer une certaine confiance dans les marchés, rendez-les plus transparents et ouverts, afin que les gens puissent s’occuper de leurs affaires de façon efficace et sécurisé, sans craindre à tout moment la fraude et les tricheries.
Si vous voulez la confiance et le respect du monde entier, rendez ce à quoi vous vous êtes engagés à garder en fiducie. Si vous avez entrepris des actions dans le passé qui ont été de bonne foi et pour de bonnes raisons, mais qui sont peut-être allées trop loin ou qui ont mal tourné, avouez-les maintenant. La meilleure façon d'endiguer un scandale est de faire sortir la vérité. Ce ne sont jamais les actions initiales qui font chuter un gouvernement, mais les tentatives ultérieures de dissimulation de ces actions.
Prouvez au monde que l’on peut faire confiance à votre monnaie et à votre crédit. Remplissez vos promesses. Détruisez ce mur du secret qui divise les gens et leur gouvernement. Mettez-y fin avant que cela n’aille plus loin.
« Oh, quelle inextricable toile nous tissons, lorsque nous commençons à nous exercer au mensonge. »
Sir Walter Scott
« Si le prix de l’or ne cessait d'augmenter, nous nous dirigerions tout droit vers l’abysse. Une nouvelle augmentation du prix de l’or aurait pu emporter sur son passage quelques-unes des plus importantes maisons de courtages, entraînant surement les autres avec elles. Donc, quel qu’en soit le prix, quel qu’en soit le coût, les banques centrales devaient s’en occuper pour garder le prix bas. »
Sir Eddie George, de la Banque d’Angleterre, en conversation privée, septembre 1999
Source originale: Jessescrossroadscafe
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