Le 16 janvier 2013, la Bundesbank – un des plus grands détenteurs d’or au monde, avec 3 378 tonnes – a surpris le monde entier : soudainement, la banque centrale allemande annonça que, d’ici 2020, elle entendait stocker la moitié des réserves d’or de l’Allemagne dans ses propres coffres de Francfort. Le plan prévoyait le rapatriement de 674 tonnes d’or : 300 tonnes des coffres de la Fed de New York, et 374 tonnes de la Banque de France. Le transfert, selon la Bundesbank, devait se faire pour "bâtir la confiance au niveau national, et avoir la capacité d’échanger de l’or pour des devises étrangères sur les marchés internationaux, et ce, rapidement".
Les raisons "politiquement correctes" du transfert, ainsi que la logistique, furent expliquées dans une vidéo de mars 2015 réalisée par la Bundesbank…
Les vraies raisons sont différentes... Suite à la publication de plusieurs rapports semant le doute sur l'état réel du stock d'or, l'équivalent allemand de la Cour des comptes a demandé en octobre 2012 la réalisation d'un audit. Plus précisément, la Cour voulait s’assurer que les quelque 3 400 tonnes d’or, dont plus de 2 000 tonnes étaient détenues à l’étranger, existaient réellement, "parce que l'authenticité et le poids des stocks n’avaient jamais été vérifiés." Le mouvement de rapatriement s’intensifia suite à des rumeurs selon lesquelles une grande partie de l’or détenu à l’étranger aurait été "ré-hypothéqué", que cet or n’y serait plus, qu’il aurait été refondu, prêté ou vendu.
À cette époque, Carl-Ludwig Thiele, membre du directoire de la banque centrale allemande, déclarait au Handesblatt que ces transferts serviraient à "bâtir la confiance", et essaya de faire taire les rumeurs. Cela dit, rapatrier l’or conservé dans les banques centrales étrangères est précisément l’opposé d’un "acte de confiance".
Encore plus ironique : en janvier 2013, un porte-parole de la Bundesbank a déclaré à Forbes "nous n'avons pas l'intention de vendre de l'or", ajoutant que "[le transfert de l'or] est en cas de crise monétaire". Un argument légèrement paradoxal depuis que la Bundesbank a déclaré officiellement que le motif du rapatriement était de "construire la confiance au niveau national et avoir la possibilité de vendre de l'or rapidement si nécessaire".
À la fin 2013, la Bundesbank annonça qu’elle n’avait réussi à rapatrier que 37 tonnes sur les 700 prévues au calendrier, ce qui exacerba un peu plus la méfiance de la population locale, qui commençait à croire les rumeurs d’or manquant.
Face à la réaction des médias et du public, la Bundesbank intensifia son programme et rapatria 120 tonnes en 2014 et 210 tonnes en 2015, ce qui laissait entendre que la confiance de la Bundesbank envers les autres banques centrales avait diminué.
Le mouvement allemand a aussi donné naissance à un plan similaire de rapatriement partiel de l’or aux Pays-Bas.
Le 23 août 2017, la Bundesbank a annoncé qu’elle avait "achevé le processus de transfert de ses réserves d’or", avec plus de trois ans d'avance sur l'échéancier prévu initialement.
Cette nouvelle ne devrait pas être une surprise car, en février, la Bundesbank avait annoncé qu’elle avait déjà terminé le rapatriement de l’or conservé à New York et qu’il ne lui restait qu’à rapatrier son or de France. Ce transfert a lui aussi été complété aujourd'hui. Selon le communiqué de presse :
"La Deutsche Bundesbank a achevé le processus de transfert de ses réserves d’or avant le délai prévu. Après que le transfert des réserves d’or stockées à New York ait déjà pu être achevé en 2016, les quelque 91 tonnes d’or encore stockées à Paris ont été transférées à Francfort cette année. La Bundesbank ne dispose donc plus de réserves d’or à Paris. « L’ensemble du concept des sites de stockage a ainsi été achevé environ trois ans avant la date prévue », a indiqué Carl-Ludwig Thiele, membre du Directoire de la Deutsche Bundesbank, en se référant au concept de sites de stockage présenté en 2013. Celui-ci prévoyait que la Bundesbank stocke la moitié des réserves d'or allemandes dans ses propres chambres fortes à Francfort-sur-le-Main. À cette fin, environ 300 tonnes d'or ont été graduellement transférées de New York et environ 374 tonnes de Paris à Francfort-sur-le-Main.
Le tableau ci-dessous donne un aperçu des transferts :
Après l'achèvement du transfert, les réserves d’or de la Bundesbank sont réparties comme prévu sur les sites restants suivants :
La Bundesbank s’est assurée tout au long du processus de transfert, à partir du retrait auprès des sites de stockage à l’étranger jusqu’au stockage à Francfort-sur-le-Main, qu’il s’agissait bien de réserves d’or allemandes. Dès leur arrivée à Francfort-sur-le-Main, la Bundesbank a soumis tous les lingots d’or transférés à un contrôle de réception et d’authenticité complet. Ces contrôles n’ont donné lieu à aucune réclamation quant à l’authenticité, le titre et le poids des lingots.
Une liste actualisée des lingots d’or en date du 31 décembre 2017 sera publiée par la Bundesbank au printemps 2018."
L’Allemagne a achevé le rapatriement de 674 tonnes d’or, ou 53 780 lingots d’or, ce qui fait grimper la quantité d’or détenue au pays à 1 710 tonnes, soit 50,6% de ses réserves totales. Dorénavant, l’Allemagne compte toujours 1 236 tonnes d'or à la Fed de New York et 432 tonnes à la Banque d’Angleterre.
Pourquoi cet empressement inattendu à rapatrier 28 milliards $ d’or physique trois ans plus tôt que prévu ? Cela demeure un "mystère".
Source originale: Zerohedge
La reproduction, intégrale ou partielle, est autorisée à condition qu’elle contienne tous les liens hypertextes et un lien vers la source originale.
Les informations contenues dans cet article ont un caractère purement informatif et ne constituent en aucun cas un conseil d’investissement, ni une recommandation d’achat ou de vente.