L’économiste et entrepreneur Peter Schiff est un adepte de l’école autrichienne, et il avait prévu la crise des subprimes. Deux bonnes raisons de l’écouter. Selon lui, la baisse actuelle du cours de l’or rappelle sacrément celle de 1976, qui n’avait été que temporaire. En effet, après la suspension de la convertibilité du dollar en or le 15 août 1971 par le président américain Richard Nixon, le cours de l’or n’a cessé de progresser pour passer de 35 dollars l’once à près de 200 dollars fin 1974. Dans un contexte inflationniste (11% en 1974), l’or remplit parfaitement son rôle de protection contre la hausse des prix. Mais la Fed réagit en montant ses taux et parvient à ramener l’inflation à 5% en 1976. L’or baisse à presque 100 dollars l’once. L’optimisme domine cette année 1976, le premier choc pétrolier est passé et la reprise semble pour bientôt. On sait qu’il n’en sera rien, que la crise était bien plus profonde qu’une simple hausse du baril de pétrole, et qu’il faudra attendre les politiques de libéralisation (du transport aérien, des télécoms, etc.) de Ronald Reagan pour qu’une véritable croissance revienne. Entre temps l’or aura repris sa hausse, de 1977 à 1980 (avec un pic cette dernière année).
Nous sommes un peu dans le même contexte aujourd’hui avec une "reprise" qui nous est vendue à grand renfort de publicité par les grands médias, les conseillers financiers et les dirigeants politiques. Le président français François Hollande annonce que "la crise est dernière nous", il a du faire demi-tour sans s’en rendre compte. Aux Etats-Unis la croissance du PIB au premier trimestre a été révisée à la baisse, de 2,4 à 1,8% seulement. Désolé mais 1,8% ce n’est pas une reprise. Cependant beaucoup de gens y croient et cela pèse sur le cours de l’or. Il s’y rajoute, on le sait, des manipulations autour de ventes massives d’or papier (certainement à l’initiative des banques centrales), alors que les ventes d’or physique se portent au mieux, mais ce contexte faussement positif joue également.
"La déroute du cours de l’or en dit long sur la confiance des consommateurs dans la reprise mondiale" écrivait le New York Times le 29 août… 1976. D’autres écrivent la même chose aujourd’hui. Méfiance. Nous ne sommes, comme en 1976, que dans une rémission, achetée à coup de planches à billets géantes des banques centrales des Etats-Unis, du Japon et d’Europe. Il n’y a certes pas d’inflation, mais on constate des bulles d’actifs (obligations souveraines, matières premières), ce qui revient à peu près au même (on parle "d’inflation d’actif"). La crise est mise temporairement en sourdine mais les dettes publiques ne cessent d’enfler, les bilans bancaires demeurent dégradés, le tout sur fond de croissance zéro. La reprise ne viendra pas, et la crise que nous traversons est bien plus grave aujourd’hui que celle des années 70.
L’investisseur ne doit pas se laisser berner, il doit exercer en permanence son esprit critique et aller au-delà des mouvements d’opinion vendus par les grands médias. Et ce n’est vraiment, mais vraiment pas le moment de vendre son or.
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