Patrick Artus, conseiller économique chez Natixis, s'exprime sur un sujet critique pour le sort des marchés financiers dans leur ensemble et de la bourse en particulier : le comportement inhabituel des investisseurs à l’égard de certaines dettes étatiques en zone euro.
En tout état de cause, les marchés financiers ont été ces derniers temps confrontés à une remontée du risque géopolitique, sous la forme des tragiques événements qui ensanglantent le Proche-Orient. La guerre entre Israël et le Hamas ainsi que les incertitudes économiques qu’elle fait planer (dont un possible choc pétrolier aux répercussions douloureuses pour la croissance mondiale) laissaient présager une fuite vers les actifs réputés les plus sûrs : les obligations de dette étatique.
Force est de constater que ce ne fut pas ostensiblement le cas en zone euro : au contraire, a été observé un décalage croissant entre les taux d'emprunt de certains pays de l’Eurozone (Espagne, France, Italie) et le taux de référence, celui du Bund, le titre obligataire de l’Etat allemand. Cet écartement des spreads des dettes des trois grands pays latins ravivent les craintes d'une éventuelle crise des dettes souveraines.
Autrefois considérée comme l'une des économies les plus stables de la zone euro, la France inquiète particulièrement. Pourquoi les taux d'emprunt français s'éloignent-ils de plus en plus de ceux de l'Allemagne ? La France est-elle devenue singulièrement vulnérable aux yeux des investisseurs ? Pour Patrick Artus, il faut regarder ce que les investisseurs scrutent afin de comprendre : les déficits budgétaires, les déficits ou excédents primaires, de même que la productivité. Or sous ces aspects, les voyants sont au rouge.
Si la France ne parvient pas à stabiliser sa situation financière, quelles pourraient être les conséquences sur la confiance des investisseurs, les coûts d'emprunt, et comment la zone euro s’en trouverait-elle affectée ? Un resserrement budgétaire draconien est-il inévitable en France ? Quant à la Banque Centrale Européenne (BCE) dispose-t-elle des outils nécessaires pour éviter une crise souveraine impliquant la France, l’Italie ou l’Espagne, crise souveraine d’une magnitude qui serait, au vu du poids des économies concernées, sans comparaison avec celle la dette publique grecque de 2010/2012 ? Qu’en déduire pour les marchés actions et obligataires ?
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