En cette année de "scenarios macro impensables", Zoltan Pozsar, responsable mondial de la stratégie au Crédit suisse, estime qu'il n'est pas improbable que l'or double pour atteindre 3 600 $ l'once si la Russie réagit au plafonnement du prix du pétrole par le G7 en acceptant de l'or pour le paiement de son pétrole brut.
Dans une note aux clients, Pozsar a déclaré qu'une pénurie de liquidités sur le marché monétaire en fin d'année est peu probable, à moins que la Russie ne décide d'accepter de l'or en échange du pétrole suite aux sanctions occidentales.
Bien que ce scénario puisse sembler extravagant, il n'est pas si irréaliste compte tenu des nombreuses surprises de cette année au niveau géopolitique et macroéconomique, a déclaré M. Pozsar dans une note intitulée "Oil, Gold, and LCLo(SP)R" (Pétrole, or et niveau acceptable le plus bas des réserves stratégiques de pétrole). "Une folie ? Oui. Improbable ? Non. Cette année a été marquée par des scénarios macroéconomiques impensables et le retour de l'habileté politique comme force dominante dans la prise de décisions en matière monétaire et fiscale", a écrit Pozsar lundi.
Dans ce scénario, le président russe, Vladimir Poutine, réagit au plafonnement du prix du pétrole à 60 $ le baril, récemment introduit, en demandant un gramme d'or pour deux barils de brut.
Aux prix actuels du marché, le plafond de 60 $ le baril pour le pétrole russe équivaut au prix d'un gramme d'or, a déclaré M. Pozsar. Ce qui se passe en substance ici, c'est que les États-Unis fixent les exportations russes à ce prix, et la Russie, en retour, les fixe à un gramme d'or. Et cela intervient à un moment où les États-Unis s'efforcent de remplir leurs réserves stratégiques avec du pétrole bon marché.
Dans cet exemple, "le dollar américain est effectivement "réévalué" par rapport au pétrole russe", a souligné M. Pozsar. "Mais si l'Occident est à la recherche de bonnes affaires, la Russie peut lui en offrir une qu'il ne peut pas refuser : "un gramme pour plus". Si la Russie contrecarre la fixation du prix à 60 $ en offrant deux barils de pétrole à ce prix pour un gramme d'or, le prix de l'or double", a indiqué M. Pozsar.
C'est ainsi que l'or peut atteindre 3 600 $ l'once en partant de son niveau actuel à 1 794 $ l'once.
"La Russie ne va pas produire davantage de pétrole, mais elle veillera à ce que la demande soit suffisante pour que la production ne soit pas interrompue. Elle veillera également à ce que davantage de pétrole soit acheminé vers l'Europe plutôt que vers les États-Unis, via l'Inde. Et surtout, le fait que l'or passe de 1 800 $ à près de 3 600 $ augmenterait la valeur des réserves d'or de la Russie ainsi que sa production interne d'or et dans toute une série de pays d'Afrique", a décrit M. Pozsar.
Mais si le prix de l'or était multiplié par deux, ce serait un problème pour les banques impliquées dans les marchés à terme, car la plupart d'entre elles ont présumé que les gouvernements ne reviendraient pas au paiement des biens avec des matières premières.
"Les banques actives sur le marché de l'or papier seraient confrontées à un manque de liquidités, car toutes les banques actives dans le domaine des matières premières ont tendance à être longues en créances dérivées OTC couvertes par des contrats à terme (une position de liquidité asymétrique)", a écrit Pozsar. "C'est un risque auquel nous ne pensons pas assez et qui pourrait compliquer le prochain virage de fin d'année, car une forte variation des prix de l'or pourrait forcer une mobilisation inattendue des réserves (de la facilité de prise de pension à un jour aux banques) et des expansions des bilans (SLR) et des actifs pondérés en fonction des risques. C'est la dernière chose dont nous avons besoin en cette fin d'année".
Lundi, le plafonnement du prix du pétrole russe transporté par voie maritime est entré en vigueur. Il est appliqué par le G7, l'Union européenne et l'Australie. La Russie, qui est le deuxième exportateur de pétrole au monde, a répondu qu'elle n'accepterait pas le plafonnement des prix, même si elle devait réduire sa production.
Source originale: markets.businessinsider.com
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