Par Delphine Denuit et Matthieu Pelloli
L’ancien numéro deux de la Bourse de New York est formel. Il faut se préparer à vivre une crise financière mondiale sans précédent avant la fin 2020. À 74 ans, l’actuel président et patron belge de la société de conseil Galileo Global Advisors, Georges Ugeux, tire la sonnette d’alarme et en décrypte les ressorts dans son dernier ouvrage "la Descente aux enfers de la finance".
Plus dévastatrice encore que celle qui a secoué la planète en 2008, cette crise serait cette fois non plus causée par les mauvais placements des banques mais par le niveau extrêmement élevé de l’endettement des États. Il nous explique ce qui lui fait craindre le pire.
Dix ans après la crise de 2008, qu’est-ce qui vous fait dire qu’on va dans le mur ?
GEORGES UGEUX : Depuis des années, les États ont pu s’endetter dans des conditions excessivement favorables et ne s’en sont pas privés. À tel point que des pays comme l’Italie, la France, les États-Unis et le Japon sont arrivés à niveau d’endettement qui n’est plus soutenable. Le montant de la dette publique mondiale s’élève désormais à 63 000 milliards de dollars (55 000 milliards d’euros) dont 10 000 milliards de dollars (8 800 milliards d’euros) émanant de l’Europe, 10 000 milliards de dollars du Japon et 22 000 milliards de dollars (19 000 milliards d’euros) des États-Unis… Au fur et à mesure que les taux d’intérêt augmentent -comme c’est déjà le cas-, les déficits budgétaires augmentent et menacent la notation de ces pays et leur capacité à se refinancer sans exploser. C’est arithmétique. C’est ce qui me fait dire que d’ici à fin 2020, nous allons vivre un tsunami financier. Ce qui est arrivé à Lehman Brothers, c’est lilliputien à côté de ce qui nous attend !
Quelle serait l’étincelle ?
Je ne connais pas l’élément déclencheur… Les banques centrales et les gouvernements vont peut-être la déclencher par leur action. En se rendant compte de la dangerosité et du niveau de leurs emprunts d’État, certains de ces acteurs risquent de commencer à les vendre et lancer la spirale qui va faire grimper les taux d’intérêt et on connaît la suite.
Quelles solutions préconisez-vous ?
Il faut sortir du déni. Les banques centrales doivent absolument arrêter progressivement de prêter de l’argent facile. Les gouvernements doivent avoir une meilleure discipline budgétaire. Et il faut tester la hausse graduelle des taux d’intérêt comme l’ont fait les États-Unis pour sortir d’urgence des taux négatifs. Je suis convaincu que lorsqu’on a des taux extrêmement bas, le fait de les bouger dans un sens ou un autre n’a aucun impact sur la décision d’un chef d’entreprise ou d’un ménage d’investir.
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