Selon Mises, la fonction de moyen d'échange est la fonction principale de la monnaie, tandis que ses fonctions de valeur refuge et d'unité de compte lui sont subordonnées. Je dirais que les fonctions de valeur refuge et d'unité de compte sont ce qui rend le moyen d’échange commercialisable. Le moyen d’échange doit être simple à comprendre, non seulement pour les gens éduqués, mais aussi pour les moins éduqués. Il doit être accessible facilement, non seulement dans des circonstances idéales, mais aussi dans des circonstances difficiles. Plusieurs moyens d’échange ont déjà été essayés avec succès dans des régions spécifiques, pendant de courtes périodes, mais seulement dans des circonstances idéales. Jim Grant dit : « L'or est instantanément et visuellement reconnaissable comme monnaie. Pas besoin de l'expliquer. » C’est la nature simple de l’or, sa divisibilité et sa durabilité qui en ont fait une monnaie universelle. L’or est devenu une monnaie grâce à ses caractéristiques physiques (rareté, quoique toujours en quantité suffisante, malléabilité, inertie, durabilité et uniformité). Certains adeptes des crypto-devises parlent de la rareté de l’or et aussi, en se basant sur des calculs, de la rareté desdites crypto-devises… mais l’or n’est pas rare. S’il l’était, il ne serait jamais devenu une monnaie. Par ailleurs, il existe plusieurs métaux bien plus rares que l’or.
Quelqu’un m’a récemment dit que « l’or n’est pas adaptable » et qu’il « ne peut évoluer » comme le Bitcoin. Si le Bitcoin est adaptable, alors, comment s'adapterait-il à un environnement sans électricité ? « Et bien, sans électricité, tout l’or du monde ne vous servira à rien, mon ami, » m'a-t-on répondu… Quelle arrogance et quel refus de prendre en considération la nature et le monde réel ! J’adore l’électricité, la lumière… c'est ma passion depuis mon enfance, et j’ai étudié le sujet à l’université pour passser mon diplôme de physique. Mais de dire que, sans électricité, il n’y a plus de monde, c’est vraiment incroyable. Au moins la moitié de la population mondiale vit sans électricité ou n’en a que sporadiquement. Nous vivons en Europe et en Amérique du Nord, surtout dans les grandes villes, dans un environnement idéal où les pannes de courant sont rares, parce que nous avons été privilégiés ces 70 dernières années. Ceux qui ont traversé des hyperinflations, des guerres, des révolutions, des guerres civiles ou des catastrophes naturelles, sont plus à même de comprendre que nous vivons dans le monde réel, et non dans un monde virtuel.
J’ai eu la malchance, ce qui constitua aussi un réveil brutal pour moi, de traverser une panne majeure de courant au Québec, au Canada, en 1989. Un orage géomagnétique frappa la Terre le 13 mars, 1989, pendant le cycle solaire 22 et causa une panne de neuf heures dans le système de transmission d’Hydro-Québec. Plusieurs régions du Québec furent privées d’électricité durant plusieurs jours, voire des semaines dans les banlieues, y compris à Montréal, une des plus grandes villes d’Amérique du Nord. Je vivais dans le centre-ville, dans la zone la plus stratégique de la ville, là où sont situées toutes les grandes banques et les institutions privées et gouvernementales, et aucune banque n’ouvrit durant une semaine à cause du manque d’électricité. Ce que je veux dire est que les crypto-devises électroniques dépendent non seulement de l’électricité, mais également de l’électricité constante et continue. Sans mentionner la capacité des gouvernements à perturber le réseau virtuel. Ils n’ont pas vraiment besoin d’en avoir le contrôle, ils n’ont qu’à le perturber de manière significative. Les crypto-devises sont des devises fiduciaires et, donc, ont les mêmes défauts majeurs que les devises papier.
L’or, après des milliers d’années d’essai, est devenu la référence. C’est l’étalon auquel chaque devise est testée et comparée; même les crypto-devises ne peuvent s’empêcher d’être comparées à l’or. De gros efforts ont été entrepris pour se débarrasser de l’or… une « tradition », une « relique du passé », mais ils sont restés vains. Lorsque la confiance disparaît, l’or revient toujours à la lumière. C’est le cas lors de crises financières, de révolutions, de guerres civiles, de guerres et de catastrophes naturelles. En pareilles circonstances, la confiance disparaît à la vitesse de la lumière. Nous l’avons vu lors de la récente crise financière de 2008. Soudainement, l’or a fait son retour dans le système financier, après avoir été considéré comme mort. Un sage analyste financier, qui a vécu assez longtemps pour vivre une guerre majeure et une dépression, nous avait avertis au sommet de l’euphorie de l’an 2000. Vers la fin de sa vie, dans le dernier chapitre d’un livre assez négatif sur l’or comme monnaie, The Power of Gold, Peter Bernstein écrit : « L’or peut à nouveau servir de support ultime dans des conditions chaotiques. Son retour à son rôle traditionnel de monnaie universelle est toutefois peu probable, à moins que ne vienne un temps où le dollar, l’euro et le yen ne soient plus à même de remplir leur rôle de paiement acceptable au-delà des frontières internationales. » Il était doté d’une grande clairvoyance. Il décéda en 2009, alors qu’une crise financière débutait et que l’or faisait son retour dans le système financier, comme il l’avait prédit.
Roy W. Jastram, dans son livre The Golden Constant, démontre que le pouvoir de l’or demeure constant à travers le temps. Jastram remarque que, « malgré la méthodologie de l’analyse, on n’essaie pas de définir "constant" dans le sens scientifique d’un paramètre mathématique. Le concept est, en effet, à la fois trop universel et trop insaisissable pour cela. » Il est intéressant, dans le graphique de Jastram ci-dessous, de voir la grande volatilité que les devises fiduciaires ont amenée, même en prix réels.
Jastram nous dit aussi que « l’or maintient son pouvoir d’achat sur de longues périodes, et ceci dans le monde entier, non parce que l’or se dirige éventuellement vers les prix des matières premières, mais parce que les prix des matières premières reviennent au prix de l’or. » Ainsi ce sont les devises fiduciaires qui fluctuent, la plupart se dévaluent vers une valeur de zéro, et non pas l’or. Jim Rickards dit, dans son dernier livre, The New Case for Gold : « Il faut voir l’or en tant qu’unité de mesure constante, ce que les économistes appellent un numéraire, ou un appareil de comptage. »
Un graphique intéressant de Nick Laird (Sharelynx.com), montre que le prix de l’or a augmenté même si la quantité d’or a aussi augmenté depuis 1800. Avec une telle augmentation de l’offre, on aurait pu s'attendre à une baisse de prix, et non à une augmentation, si l’on se fie à la théorie de l’offre et de la demande.
Les trois graphiques suivants montrent que, au contraire d’être rare, la quantité d’or a augmenté, mais au même rythme que la population mondiale, offrant ainsi une offre suffisante d’or à utiliser dans les transactions. Les stocks d'or en surface ont augmenté de 1,88% depuis 1900, la production aurifère a augmenté de 2,31% depuis 1900, et 1,19 once d’or par habitant a été extrait depuis 1500.
Robert Mundell, prix Nobel d’économie, a dit : « L’or a rempli le rôle de monnaie universelle, d’étalon de valeur, de lien entre le passé et le futur et de ciment qui réunit ensemble des lieux lointains de la race humaine. » Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale, a dit : « L'or représente encore l'ultime forme de paiement dans le monde. Dans le pire des cas, la monnaie fiduciaire n'est plus acceptée par personne, alors que l'or l'est encore. »
Le président de la France, le général Charles de Gaulle, est celui qui l’a exprimé le mieux en 1965, et ses propos sont toujours d'actualité : « Nous tenons pour nécessaire que les échanges internationaux s’établissent, comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d’aucun pays en particulier. Quelle base ? En vérité, on ne voit pas qu’à cet égard il puisse y avoir d’autre critère qu’un étalon autre que l’or. Eh ! oui, l’or, qui ne change pas de nature, qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence. »
Aristote, il y plus de 2 350 ans, en parlant des devises fiduciaires, disait : « En effet, il n'y a rien d'intrinsèquement mauvais avec la monnaie fiduciaire, à condition que les rois soient dotés d'une autorité parfaite et d'une intelligence divine. » Et Voltaire disait que « la monnaie papier retourne toujours à sa valeur intrinsèque – zéro. » Ceci vaut aussi pour les devises fiduciaires électroniques. L’or est l’étalon par lequel la valeur a été mesurée – et il l’est toujours – depuis 6 000 ans, même lorsqu’il n’était pas officiellement reconnu.
Jim Rickards, dans son dernier livre, The New Case for Gold, écrit que nous avons un « étalon-or dans l'ombre » depuis l’effondrement de l'étalon de change-or en 1971, et le professeur Fekete, dans son livre Le retour au standard-or, écrit : « L’or qui circule inspire la confiance; l’or gardé sous clé indique un manque de confiance. » L’or est sorti de l’ombre depuis 2008, et, lorsque le système – social, politique et économique – s’effondrera et sera remis à jour, il restera au soleil. Les gens vont en accumuler d’ici la remise à zéro, et ensuite il se remettra à circuler à nouveau.
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