La Chine intensifie ses efforts pour devenir un acteur central de la finance mondiale en proposant de stocker les réserves d'or pour le compte de gouvernements étrangers. Cette initiative, pilotée par la Banque populaire de Chine (PBOC), vise à positionner le pays comme une alternative aux centres traditionnels de conservation des actifs souverains, historiquement situés en Occident.
Pékin aurait invité les banques centrales des pays alliés ou "amis" à envisager d'acheter de l'or et de placer ces avoirs sous la garde de la Chine. Au lieu de transférer les réserves existantes depuis des centres établis tels que Londres ou New York, l'initiative vise les nouveaux achats qui viendraient renforcer les actifs officiels des partenaires tout en étant physiquement stockés en Chine.
Ce plan s'appuie largement sur les infrastructures existantes de la Chine. Le Shanghai Gold Exchange, qui est déjà au cœur du marché national de l'or, pourrait servir de pilier à ce nouveau rôle mondial. Des mesures récentes – telles que l’ouverture d’un grand coffre à Hong Kong et l’assouplissement des règles d’importation – montrent que Pékin prépare le terrain pour accroître sa présence mondiale dans le commerce des métaux précieux.
La Chine s’impose sur le marché de l’or (@julienchler)
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L’attrait de l’or s’est fortement renforcé ces dernières années, les banques centrales cherchant à se prémunir contre les sanctions, la volatilité des devises et l'utilisation des systèmes financiers comme arme. Pour Pékin, l’opportunité est claire : en se positionnant comme un dépositaire de confiance, il peut resserrer ses liens avec ses partenaires, renforcer son prestige et réduire l’influence des centres financiers occidentaux.
De plus, cette initiative s’inscrit dans la volonté de longue date de la Chine de réduire sa dépendance vis-à-vis du dollar américain. En consolidant son rôle dans l’écosystème mondial de l’or, Pékin espère crédibiliser son propre système financier et faire avancer l’idée d’un ordre monétaire multipolaire.
La Chine elle-même a intensifié ses achats : la PBOC a enchaîné dix mois consécutifs d’acquisitions d’or en juillet. Les réserves officielles dépassent désormais 2 300 tonnes, bien que la part de l’or dans ses réserves internationales reste inférieure à celle de nombreuses grandes économies.
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Cependant, la Chine fait face à des obstacles importants. Le marché londonien de l’or bénéficie de siècles de confiance, soutenus par des cadres juridiques solides, une liquidité abondante et une transparence reconnue. Convaincre d’autres gouvernements de transférer – ou même de placer de nouvelles – réserves sous juridiction chinoise nécessitera de surmonter les doutes relatifs à l’influence politique, à l’État de droit et aux garanties d’accès.
Les sceptiques soulignent que les banques centrales pourraient hésiter à exposer leurs actifs à l’influence de Pékin, en particulier en période de tensions géopolitiques. Pour gagner du terrain, la Chine doit non seulement offrir un stockage sécurisé, mais aussi démontrer que ses systèmes peuvent offrir la même liquidité et la même fiabilité que les hubs occidentaux traditionnels.
Si elle y parvient, la Chine pourrait transformer l’or en un puissant outil diplomatique – renforçant ses alliances, accroissant la confiance dans ses marchés et étendant son influence bien au-delà de ses frontières.
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