Les banques centrales sont prêtes à louer de l’or en quantités croissantes si le prix grimpe. – Alan Greenspan, lors d’une audition devant le Congrès au sujet des produits dérivés , en 1998

L’or est dans une tendance haussière continue depuis le 18 décembre, après avoir atteint un plancher de 1 131 $, suite à une correction de quatre mois et demi. Bien établi au-dessus de la moyenne mobile à 50 jours, ce dynamisme dans le prix semble constituer une menace pour les bullion banks qui s’activent à déprimer le prix de l’or sur le marché des dérivés pour le compte des banques centrales occidentales et de la BRI (Banque des règlements internationaux, ou BIS).

Les banques doivent se sentir menacées par l’activité récente, qu’il s’agisse des transactions physiques ou papier. Ce matin, le prix de l’or a été attaqué sur le marché papier du COMEX après les remarques du président de la Fed de St-Louis, James Bullard, à propos de la politique de taux d’intérêt, ce qui aurait dû propulser le prix de l’or à la hausse : "Nous pensons qu'il est peu probable que le régime de taux réels faibles évolue à court terme. Cela signifie que les taux directeurs peuvent également rester relativement bas sur l'horizon de prévision".

Au contraire, le COMEX a été bombardé de papier, sans actualités autres que les remarques favorables à l’or émises par Bullard :

 

 

À 9h 54, 3 927 contrats à terme sur l’or (or-papier) pour avril ont été déversés sur le COMEX. Avant cela, la moyenne de contrats par minute depuis l’ouverture du COMEX se situait sous les 500 contrats. On parle de 11,1 tonnes d’or-papier déversées sur le COMEX en seulement 60 secondes. Cela représente approximativement 30% de la quantité totale d’or dans la catégorie "disponible pour livraison" des contrats du COMEX – déversée sous forme papier en une seule minute.

Cela sent la peur. Les banques centrales occidentales ont grossièrement sous-estimé l’appétit de l’Est pour l’or physique livrable. Malgré une tentative de la BRI d’étouffer la demande indienne en limitant la disponibilité du cash dans le système bancaire indien, la demande actuelle de l’Inde pour l’or est robuste, et elle est susceptible de s'accroître vu que les Indiens ont des raisons de s'inquiéter de la guerre contre le cash menée par le gouvernement.

De plus, il semble y avoir une accélération de la demande chinoise pour l’or. Selon les chiffres d’exportation de la Suisse, 158 tonnes d’or ont été envoyées vers la Chine en décembre. Cela est bien supérieur aux chiffres donnés par les organismes "officiels" qui rapportent les flux physiques d’or. Les primes appliquées actuellement sur le prix de l'or sur le Shanghai Gold Exchange (SGE) se situent entre 10% et 15%. Jusqu'ici cette semaine, plus de 100 tonnes d’or ont été livrées sur le SGE. À part l’or destiné à la Banque populaire de Chine (PBoC), tout l’or distribué en Chine doit d’abord passer par le SGE.

Les banques centrales occidentales auront un problème si l’or commence à s’envoler, car elles perdront leur capacité à contrôler les prix en utilisant les produits dérivés. Peut-être qu'en plus de l'opération standard de contrôle du prix de ce matin sur le COMEX, l'attaque sur le marché papier a été une réponse aux commentaires d'Eric Sprott dans King World News hier :

"Il n’y a pas de doute, si les investisseurs continuent d’acheter ce genre de quantités À un moment donné, ils verront le peu d’or qui reste dans les coffres occidentaux et diront "non, pas cette fois-ci. Nous ne pouvons pas continuer à ce rythme, parce que nous allons manquer d’or." S’ils voient qu’ils vont manquer d’or d’ici un an ou deux, quand hisseront-ils le drapeau blanc ? Cela fait longtemps que je vous dis que les banques centrales occidentales ont compensé le déséquilibre important au plan de l'offre et de la demande en se débarrassant de leur or discrètement."

Source originale: Investment Research Dynamics

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