La Chine, le plus gros pays consommateur d'or, a lancé mardi un cours de référence du métal jaune (benchmark) libellé en yuans, avec l'ambition de renforcer son influence sur le marché mondial et de mieux maîtriser les évolutions des prix. Mais aussi d'accroître la crédibilité internationale de la devise.
Le Shanghai Gold Exchange, opérateur chinois pour les métaux précieux, a dévoilé mardi 19 avril sur son site internet son premier "fixing" de référence quotidien pour l'or, à 256,92 yuans par gramme (39,66 dollars, soit environ 1.230 dollars l'once).
Dix-huit acteurs de marché participent à la détermination du nouvel indice de référence shanghaïen, a précisé l'opérateur boursier, pour la plupart des banques étatiques chinoises, mais aussi deux grands groupes aurifères du pays ou encore les banques étrangères ANZ et Standard Chartered.
Le "fixing" débuté mardi "constitue une nouvelle étape dans l'essor impressionnant des échanges chinois et dans l'internationalisation de l'industrie aurifère" du pays, a commenté Aram Shishmanian, directeur du Conseil mondial de l'or (CMO), fédération des producteurs aurifères.
"A mesure de l'appétit croissant des consommateurs chinois, l'influence de la Chine va nécessairement s'intensifier sur le marché mondial", a-t-il ajouté, dans un courriel transmis à l'AFP.
Ouvert en 2002, le Shanghai Gold Exchange avait déjà lancé en septembre 2014 une place d'échanges "internationaux" ouverte aux institutions financières étrangères, dans le but avoué d'offrir une alternative aux places de New York et de Londres, qui dominent les transactions sur l'or.
La Chine représente un quart de la demande mondiale
La demande d'or en Chine continentale représentait 250,6 tonnes au quatrième trimestre 2015, soit plus du quart de la demande mondiale, selon le CMO, ce qui en fait le premier consommateur mondial devant l'Inde. Le pays reste par ailleurs le principal pays producteur de métal jaune.
Pour autant, la Chine dépend de contrats fixés en dollars -devise de référence sur le marché international des métaux précieux-, subissant donc les turbulences des devises sur fond de forte dépréciation du yuan depuis l'année dernière.
Le marché mondial reste par ailleurs largement dominé par le "fixing" du London Bullion Market -où l'once d'or a fini lundi soir à 1.234,30 dollars.
Développer l'usage du renminbi à l'étranger
La Chine "avait besoin d'un cours de référence reflétant les fluctuations du marché local et permettant de réduire sa dépendance à l'égard des prix exprimés en dollars", insistait le CMO mardi, estimant que ce fixing shanghaïen était susceptible d'améliorer fortement la liquidité" du marché en Asie.
Jiao Jinpu, directeur du Shanghai Gold Exchange, avait indiqué en décembre, lors d'une conférence, que le lancement d'un cours de référence distinct s'inscrivait dans les efforts d'internationalisation et d'ouverture de l'institution. Dans des propos rapportés par la presse locale, il avait précisé que l'opérateur boursier envisageait de lancer ensuite progressivement des fixings en yuans pour les autres métaux précieux (argent, palladium et platine).
En proposant des contrats d'échanges de métaux précieux libellés dans la monnaie chinoise, Pékin cherche également à renforcer l'usage à l'étranger du renminbi, dont il entend faire une devise de référence.
Source originale: La Tribune
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