Un ancien trader d’UBS Group AG a été accusé de complot et fraude pour son rôle présumé dans la manipulation du prix des métaux précieux.
André Flotron, qui travaillait pour la banque en Suisse et à Stamford (Connecticut), est la deuxième personne à être accusée publiquement dans l’enquête menée par la justice américaine sur la fixation des prix de l’or, de l’argent, du platine et du palladium. Flotron, un citoyen suisse, a été arrêté alors qu’il rendait visite à sa petite amie dans le New Jersey. Il est accusé de collusion, de fraude informatique, de fraude sur les matières premières, et de spoofing. Il risque jusqu'à 25 ans de prison pour la plus sérieuse des accusations.
Flotron, âgé de 54 ans, a comparu mercredi en cour fédérale, à Newark (New Jersey), où un juge a ordonné sa détention sans caution, après que les procureurs aient déclaré qu’il pourrait s’enfuir en Suisse. Flotron sera incarcéré jusqu’à ce qu’il comparaisse dans le Connecticut, où le procès a été intenté. Le juge a fixé l’audience préliminaire au 22 septembre.
"Nous allons nous battre", a déclaré son avocat, Marc Mukasey, au juge de première instance, Michael Hammer. "Il faut déterminer si ce crime a été créé ou permis par le gouvernement", ou bien s’il s’agit d’une pratique courante dans l’industrie.
L’arrestation de Flotron étend l’investigation du département de la justice cherchant à déterminer si les traders des banques ont comploté pour trafiquer les taux d’intérêt de référence et manipuler les opérations de change entre 2008 à 2013.
Les enquêtes, qui ont mené à des plaidoyers de culpabilité et à des milliards de dollars d'amendes pour quelques-unes des plus grandes banques du monde, ont aussi conduit les procureurs à lancer des investigations pour savoir si les traders de métaux avaient placé des ordres, sans l’intention de les exécuter, afin de faire bouger les prix en leur faveur, une technique que l’on appelle spoofing.
"ordres IMPORTANTS"
"Flotron et ses complices ont passé un ou plusieurs ordres importants pour des contrats à terme sur les métaux précieux d'un côté du marché avec l'intention de les annuler juste avant leur exécution", selon la plainte déposée dans le Connecticut.
Tandis que les ordres spoof étaient en attente d’exécution, Flotron et ses amis plaçaient des ordres plus petits de l’autre côté du marché pour profiter des mouvements de prix provoqués par les ordres passés et annulés. Selon les documents déposés, un autre trader d’UBS, resté anonyme, a échappé à des poursuites pour crime après avoir accepté de coopérer avec les procureurs enquêtant sur le spoofing sur les marchés des métaux précieux et des changes. Les procureurs disposent également de données corroboratives.
Le coopérateur du gouvernement a dit aux enquêteurs que Flotron lui avait enseigné la technique du spoofing dès sa première semaine à Stamford en 2008. Le trader a été formé par Flotron, qui le supervisait, afin d'apprendre comment négocier les métaux précieux, avant d'être muté dans une succursale de la banque à Singapour. Les procureurs se sont penchés sur des activités spécifiques de trading sur les contrats à terme sur l’or en 2011 et 2012. "Un témoin qui coopère et des données corroboratives peuvent être plus nuisibles qu'utiles au gouvernement", a déclaré Mukasey dans une interview.
Examen minutieux de la Suisse
Les régulateurs suisses se sont également penchés sur le cas de Flotron en lui envoyant une lettre le prévenant d'une possible action en justice, selon deux sources de Bloomberg News. Il n’est pas clair, cependant, si les autorités suisses de surveillance des marchés financiers l’ont sanctionné.
Marc Mukasey assure que Flotron a coopéré dans le cadre d'une enquête interne et avec les autorités américaines dans une autre affaire sur des opérations de change trois ans auparavant. Depuis lors, Flotron a voyagé plusieurs fois aux États-Unis pour rendre visite à sa petite amie. Selon son avocat, Flotron a été étonné au moment d'être arrêté par les agents du FBI, compte de tenu de sa coopération passée avec le département de la justice. "Ils ne l’ont pas averti du tout… c’est arrivé soudainement".
UBS jouit d’une immunité dans le dossier de manipulation sur les métaux précieux, dans le cadre de son accord avec la justice américaine en 2015 pour mettre fin aux poursuites pour manipulation du marché des changes.
Les procureurs poursuivent les spoofers de manière plus agressive depuis l'entrée en vigueur de la loi Dodd-Frank, qui rend la pratique illégale. Ils ont notamment accusé un trader britannique d’avoir contribué au "flash crash" de 2010.
En juin, David Liew, un ancien trader de Deutsche Bank AG, a plaidé coupable, devant la cour fédérale de Chicago, d’avoir conspiré pour placer de faux ordres sur les contrats à terme sur l’or, l’argent, le platine et le palladium. En plus du spoofing, il a aussi admis avoir fait du front-running (exécuter des transactions pour compte propre préalablement à des transactions de clients).
Source originale: Bloomberg.com
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