Le scandale de la manipulation du marché des changes (Foreign Exchange ou Forex) ne cesse de prendre de l’ampleur. En 2013, plusieurs grandes banques (Barclays, Deutsche Bank, UBS, Royal Bank of Scotland et HSBC) ont provisionné 16,4 milliards d’euros pour couvrir les "dépenses légales", c'est-à-dire le montant probable des amendes qu’elles devront payer après leurs procès. Pour 2014, cinq des plus grandes banques européennes devraient provisionner entre 8,5 et 10,5 milliards d'euros pour cette même raison selon le Financial Times du 10 mars.

Les traders-manipulateurs du Forex s’entendaient via leur messagerie instantanée pour placer des ordres un court laps de temps précédant la fixation du cours des devises, et ainsi en tirer partie. Les sommes en jeu sont tellement gigantesques (5.300 milliards de dollars de transactions quotidiennes) que le plus faible écart de cours devient significatif. L’enquête se concentre sur la City de Londres, la première place mondiale pour les changes de devises, mais elle s’étend également à l’Europe continentale, aux Etats-Unis et à l’Asie. A priori, aucune grande banque internationale ne devrait y réchapper.

Mais cette affaire franchit encore un degré de gravité avec la mise en cause de rien de moins que la Banque d’Angleterre elle-même ! Le gouverneur de la banque centrale, Mark Carney, a été interrogé le 11 mars par la Commission des Finances de la Chambre des Communes et il a du s’expliquer sur l’attitude pour le moins ambiguë du chef du département "devises", Martin Mallett, qui a été suspendu en attendant les résultats de l'enquête interne. Il apparaît que ce dernier a été mis au courant du comportement frauduleux d’un certain nombre de traders mais qu’il n’a pas donné suite…

La mise à jour de ces manipulations sur le Forex fait suite à celles sur le Libor et l’Euribor. Ces malversations de grande ampleur se sont étendues sur plusieurs années, toutes les grandes banques internationales sont concernées, et les banques centrales n’en sauraient rien ! Difficile d’y croire.

Les spécialistes qui suivent le marché de l’or dénoncent depuis longtemps l’intervention directe des banques centrales de concert avec les grandes banques d’affaires. Pendant longtemps ils sont passés pour des hurluberlus ou des adeptes de la théorie du complot, mais dans ce domaine aussi des preuves apparaissent, des enquêtes sont lancées, des condamnations sont prononcées. Le London gold fix est manipulé depuis 10 ans explique Bloomberg. Finalement, les défenseurs de l’or étaient des précurseurs, ils avaient compris bien avant les autres que les prix étaient manipulés, et on découvre maintenant l’ampleur de ce mensonge : il est colossal car le Libor et le marché des changes concernent des volumes gigantesques et servent de référence à une multitude de produits financiers, jusqu’à votre emprunt immobilier.

Ironie de l’histoire, c’est l’or, la "relique barbare", démonétisé et rangé au rayon des accessoires, selon ceux qui pensaient pouvoir s’en passer, qui a joué le rôle d’aiguillon. Il reste encore beaucoup à découvrir, mais plus on va s’approcher des banques centrales, plus on va s’amuser.

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